Le royaume du Maroc a lié son destin aux migrations
par Pierre Vermeren
Le Maroc est devenu un des grands pays émetteurs d’émigration vers l’Europe. Même si l’émigration vers l’étranger commence au début du xxe siècle, et qu’elle s’accélère un temps à la fin de la colonisation avec le départ des minorités, c’est vraiment dans les années 1980 que se développe une migration marocaine de masse. Le Maroc compte aujourd’hui une diaspora qui oscille entre 6 et 7 millions de personnes sur trois générations, essentiellement dans une demi-douzaine de pays d’Europe, dont un tiers en France. Cette émigration est capitale pour le royaume. Non seulement elle permet à des régions pauvres de survivre, mais elle contribue aussi fortement à l’équilibre de la balance des capitaux du Maroc. Après l’indifférence de son père à ce phénomène, le roi Mohammed VI a compris tout le profit qu’il pouvait en retirer dans le cadre de son soft power. Mais les élites de l’immigration marocaine en Europe sont si choyées par le royaume que cela nuit à leur bonne intégration en Europe.
Abstract : The kingdom of Morocco linked its destiny to migrations
Morocco has become one of the major emigration countries to Europe. Even if emigration to foreign countries began at the beginning of the 20 th Century and accelerated for a time at the end of colonization with the departure of minorities, it was really in the 1980s that mass Moroccan migration developed. Morocco now has a diaspora of between 6 and 7 million people over three generations, mainly in half a dozen European countries, a third of them in France. This emigration is crucial for the kingdom. Not only does it enable poor regions to survive, but it also contributes significantly to the balance of Morocco’s capital balance. After his father’s indifference to this phenomenon, King Mohammed VI understood all the benefits he could gain from it as part of his soft power. But the Moroccan immigration elites in Europe are so blessed by the kingdom that it hinders their successful integration in Europe.
Tweeter cet article Suivre @RevueHerodote sur Twitter