Allemagne : la puissance déphasée
par Hans Stark
L’Allemagne a connu une décennie de croissance économique soutenue, bénéficiant d’un taux de chômage très bas et d’excédents commerciaux et budgétaires considérables. Cette phase touche aujourd’hui à sa fin. Certains estiment même que le modèle économique allemand doit être repensé. La politique étrangère de l’Allemagne suit le même chemin, ce qui met en évidence l’interdépendance entre la puissance politique et la puissance économique de la République fédérale. Durant les trois premiers mandats d’Angela Merkel (et surtout entre 2013 et 2017), l’Allemagne a su occuper une place centrale en Europe, intensifier ses relations avec Washington, Moscou et Pékin, tout en accentuant sa présence (pour l’essentiel commerciale mais aussi culturelle) en Asie et en Afrique. 2017 représente de ce point de vue une césure. Élu fin 2016, Donald Trump défie l’Allemagne ouvertement. Le degré d’influence allemande sur la Russie est devenu marginal, voire inexistant, tandis qu’au sein de l’UE, malgré l’élection d’une dirigeante allemande à la présidence de la Commission, l’influence de Berlin sur les grandes questions (Brexit, réforme de la zone euro, Europe de la défense...) décline. La politique étrangère de l’Allemagne est à un tournant.
Abstract : Germany : the power out of phase
Germany has enjoyed a decade of sustained economic growth, benefiting from a very low unemployment rate and considerable trade and budgetary surpluses. This phase is now coming to an end. Some even believe that the German economic model needs to be rethought. Germany’s foreign policy is following the same path, which highlights the interdependence between political and economic power of the Federal Republic. During the first three mandates of Angela Merkel (and especially between 2013 and 2017), Germany occupied a key role in Europe, deepened its relations with Washington, Moscow and Beijing, while significantly expanding its presence (for the most part commercial but also cultural) in Asia and Africa at the same time. From this point of view 2017 marks a change. In the office since the end of 2016, Donald Trump is openly challenging Germany. German influence on Russia has become marginal if not non-existent, while within the EU, despite the election of a German executive to the presidency of the Commission, Berlin’s influence on major issues (Brexit, the reform of the Euro zone, the European defence project...) is declining. Germany’s foreign policy is at a turning point.
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