L’étude des prénoms s’avère une méthode extrêmement féconde en enseignements sur les phénomènes migratoires qu’a connus et que connaît encore la France. Le fichier Insee des prénoms attribués aux nouveau-nés chaque année en France, qui se décline également à l’échelle départementale, offre la possibilité de suivre l’histoire des immigrations en France depuis 1900. La disparition rapide des prénoms d’origine pour les immigrations polonaise et portugaise, notamment une fois les flux migratoires taris, montre la puissance de la machine assimilatrice républicaine. L’analyse des listes électorales du 13e arrondissement de Paris montre que 75 % des Français issus de l’immigration asiatique (Vietnam, Laos, Cambodge, Chine) portent un prénom français ou européen, un choix pragmatique à même de faciliter leur intégration.
L’analyse anthroponymique permet aussi d’étudier et de mesurer la montée en puissance du groupe ethnoculturel arabo­musulman (par ailleurs fortement hétérogène) au sein de la société française depuis la Seconde Guerre mondiale, sa diffusion sur le territoire au fil des décennies et sa très inégale répartition sur le territoire métropolitain.
Le dépouillement des listes électorales de Marseille montre, à l’échelle locale, une ségrégation plus grande encore avec des bureaux de vote où plus de 50 % des électeurs inscrits portent un prénom issu des mondes arabo-musulmans, ces bureaux se trouvant essentiellement au nord du centre-ville et dans les arrondissements septentrionaux de Marseille, quand cette proportion est inférieure à 5 % dans de nombreux bureaux du sud de la ville. Cette inégale répartition dessine une correspondance quasi parfaite entre le taux de prénoms arabo-musulmans dans les bureaux de vote et le taux de pauvreté au niveau local (carroyage Insee de 200 mètres de côté). Enfin, les concentrations notables (comoriens, arméniens) selon des temporalités et des modalités très différentes ou au contraire la diffusion de certaines communautés (pieds-noirs) montre la différence des parcours individuels et collectifs en fonction de l’origine des immigrés à Marseille.

Abstract : A hundred years of immigration told through first names

Studying given names is an extremely fruitful method for examining migratory movements that France has and is experiencing. The Insee file of first names given to newborns each year in France, which is also available at a departmental level, creates an opportunity to follow the history of immigration in France since 1900. The rapid disappearance of Polish and Portuguese first names, especially once the migratory movements had ended, shows the strength of France’s assimilation apparatus. An analysis of lists of voters in the 13 th arrondissement of Paris shows that 75 % of French people of Asian descent (whose families immigrated from Vietnam, Laos, Cambodia, and China) had a French or otherwise European first name. This is a pragmatic choice for facilitating integration.
An anthroponomic analysis further assists with examining and measuring the rise of the Arab Muslim ethnocultural group (which tends to be highly heterogeneous) within France since the Second World War, specifically its spread across the country over the decades and its very unequal countrywide distribution.
Counts of Marseilles voter lists shows that at a local level, there is even greater segregation with some voting stations having over 50 % of registered voters with an Arab Muslim first name. These voting stations are primarily located north of the city center and in the northern arrondissements of Marseille. At the same time, this proportion is under 5 % in many voting stations in the southern parts of the city. This unequal distribution of Arab Muslim first names at voting stations corresponds almost perfectly with poverty rates at a local level (using the Insee 200m grid patterns). Finally, significant concentrations of groups (such as immigrants from the Comoros and Armenia) depending on various circumstances and time periods or dispersal (as with the Pieds-Noirs) shows that immigrants had very different individual and group journeys in Marseille.

Cet article sur cairn.info (payant pendant trois ans, gratuit ensuite ; Attention : mise en ligne tardive)


L’institut Français de Géopolitique offre des formations de master intenses, exigeantes et passionnantes !

Hérodote est historiquement liée à la formation en géopolitique (master et doctorat) de l’Université Paris 8 — Vincennes - Saint-Denis, l’Institut Français de Géopolitique (IFG) où ont enseigné son fondateur Yves Lacoste, sa directrice Béatrice Giblin (également fondatrice de l’IFG), et une partie importante de l’équipe de la revue.

La première année est consacrée à la formation à et par la recherche, qui est au cœur du projet intellectuel et citoyen de l’École France de Géopolitique. Les étudiants et les étudiantes doivent écrire un mémoire de recherche d’une centaine de page appuyé sur une enquête de terrain d’un mois en autonomie. Un accompagnement fort leur est proposé pour favoriser leur réussite durant cette année si différente de leurs expériences précédentes.

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Avec 85 places en première année, le master de l’IFG offre aussi une véritable vie collective de promo, animée notamment par une association étudiante dynamique. Les étudiantes et étudiants viennent de nombreuses formations et disciplines, notamment : géographie, d’histoire, de droit, de sociologie, de science-politique, Économie et gestion, langues (LLCE/LEA) ou de classes préparatoires.

Les candidatures en première année de master se font exclusivement via la plateforme nationale monmaster.gouv.fr du 26 février au 24 mars 2024. Toutes les informations utiles se trouvent sur le site www.geopolitique.net. En deuxième année, les candidatures doivent passer par le site de l’Université. L’IFG n’offre pas de formation au niveau licence.

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