Ce titre Géographie, guerres et conflits, affirme de nouveau l’importance du raisonnement géographique dans toute démarche géopolitique. C’est pourquoi la multiplication des monographies géopolitiques, telles qu’elles sont menées à l’Institut français de géopolitique, ne doit pas être jugée comme le refus d’élaborer une théorie générale de toutes les rivalités de pouvoirs, mais tout au contraire comme la marque d’une rigueur scientifique dans l’application de la démarche d’analyse géopolitique qui est à la fois diatopique et diachronique. Ces études de cas doivent être nombreuses, afin de mieux les comparer et progressivement construire une typologie. Alors que l’importance de la géopolitique est désormais présente dans les programmes d’histoire-géographie de l’enseignement secondaire, par contre la géopolitique rencontre encore quelques difficultés à être pleinement reconnue par une partie des géographes universitaires français, sans toujours mesurer les risques quecette forme d’ostracisme fait courir au devenir de la géographie.

Abstract

This title, Geography, Wars and Conflicts asserts once again the importance of geographical reasoning in every geopolitical approach. That is why the multiplication of geopolitical monographs such as those run at the French Institute of Geopolitics, shouldn’t be considered as the refusal to elaborate a general theory of power rivalries. Onthe contrary, it should be seen as proof of a rigorously applied scientific approach geopolitical analysis which is at once diatopic and diachronic. These case studies must be numerous, in order to be better compared and to progressively construct a typology. While the importance of geopolitics is now obvious in the history and geography curriculums of secondary education, geopolitics still encounters some difficulties to be fully recognized by a certain number of French academic geographers, who do not always realize that this type of ostracism poses a threat to the evolution ofgeographic studies

Article complet

Ce titre Géographie, guerres et conflitsaffirme de nouveau l’importance du raisonnement géographique dans toute démarche géopolitique.

Alors que l’importance de la géopolitique est désormais présente dans les programmes d’histoire-géographie de l’enseignement secondaire, la géopolitique rencontre encore, en revanche, quelques difficultés à être pleinement reconnue par une partie des géographes universitaires français, sans toujours mesurer les risques que cette forme d’ostracisme fait courir au devenir de la géographie.

Si la guerre procède toujours d’un conflit, tous les conflits ne dégénèrent pas en guerre. Néanmoins, il nous paraît important de préciser qu’il s’agit de s’en tenir aux conflits territorialisés et non pas aux conflits de personnes. C’est pourquoi nous avons choisi ce titre, Géographie, guerres et conflits, pour affirmer de nouveau l’importance du raisonnement géographique dans toute démarche géopolitique. C’est-à-dire l’analyse de rivalités de pouvoirs sur un territoire et de la façon dont s’exprime chacune des forces qui ysont en présence.

« Pas de géopolitique sans géographie » est notre principe de base, qui doit d’autant plus être réaffirmé que le terme « géopolitique » est désormais devenu une sorte de sésame éditorial, comme on le voit à travers ces quelques titres récents, Essais de psychologie géopolitique clinique[Sironi, 2007], Géopolitique du goût [Boudan, 2004] : Psychanalyse et Géopolitique[Lakhdari, 2004], etc. Pour les intellectuels qui se sont emparés du mot « géopolitique », il est indis pensable, à coups d’allégories et de métaphores, de séparer la géopolitique de la géographie. En associant ce terme à des discours si « savants » et distingués, ils cherchent consciemment à se l’approprier et inconsciemment peut-être à en détourner les citoyens qui jusque-là en avaient fait le succès, car ceux-ci ne comprendront pas et surtout ignoreront ces discours qui en fait n’ont rien à voir avec les vrais problèmes géopolitiques.

Pas de géopolitique sans géographie

Mais on pourrait peut-être se dire que cet emploi massif du mot « géopolitique » est une bonne chose car il contribue à mieux faire connaître les travaux géopolitiques menés par des géographes. En fait, rien n’est moins sûr, car cet engouement peut avoir des conséquences très négatives. En effet, cet emploi tous azimuts peut être un moyenpour discréditer tous les travaux qui font référence à la géopolitique, puisqu’il devient impossible d’en définir précisément l’objet. C’est pourquoi l’affirmation selon laquelle la géopolitique repose sur le raisonnement géographique doit constamment et solennellement être rappelée, mais surtout démontrée au travers d’études de cas précis. Et c’est ce à quoi Hérodotes’emploie en analysant des situations géopolitiques, c’est-à-dire les rivalités et rapports de pouvoirs sur des territoires afin d’en prendre le contrôle et celui de la population qui s’y trouve. Chacun de ces territoires disputés fait l’objet de représentations contradictoires selon les protagonistes et celles-ci sont très mobilisatrices pour les partisans de chaque camp. C’est pourquoi la multiplication des monographies géopolitiques, telles qu’elles sont menées à l’Institut français de géopolitique, nedoit pas être jugée comme le refus d’élaborer une théorie générale de toutes lesrivalités de pouvoirs, mais tout au contraire comme la marque d’une rigueur scientifique dans l’application de la démarche d’analyse géopolitique qui est à lafois diatopique et diachronique. Ces études de cas doivent être nombreuses, afin de mieux les comparer et progressivement construire une typologie. La mono graphie en géographie a été fortement dénigrée, et avec quelque raison, comme étant un exercice formel sans réelle finalité, une sorte d’exercice d’entraînement pour étudiant débutant. Ilest vrai que le célèbre plan à tiroirs (relief, climat, population, activités, etc.) qui la caractérisait n’aidait pas à mettre en œuvre un raisonnement géographique et personne ne savait très bien à quoi pouvaient réellement servir ces monographies qui étaient réalisées pour l’essentiel à un même niveau d’analyse. Dans le cas des monographies géopolitiques, il en va tout autrement. En effet, elles ont pour fonction de comprendre des situations compliquées dont il est difficile de percevoir les tenants et les aboutissants et qui nécessitent donc de mener un raisonnement diatopique et diachronique. Leur comparaison permet devoir en quoi elles se rattachent à un niveau d’abstraction qui permet de construire peu à peu une typologie des conflits géopolitiques sans que soient néanmoins négligés les facteurs qui en font des situations spécifiques.

Rappelons que la géopolitique, pas plus que la géographie ou les sciences que l’on appelle « humaines » ou « sociales », n’est une science au sens (précis) du terme, à savoir un ensemble cohérent de connaissances relatives à une catégorie précise de faits, d’objets ou de phénomènes obéissant à des lois et vérifiées par les méthodes expérimentales. Onle sait : dans le domaine des « sciences humaines » ou des « sciences sociales », il n’y a ni loi ni expérimentation possibles. Il s’est avéré extrêmement dangereux de vouloir construire des lois géopolitiques comme le rappellent les dérives géopolitiques du nazisme, et la construction de modèles géopolitiques (ou de géographie politique) censés correspondre à des situations conflictuelles territorialisées complexes n’est pas non plus un objectif scientifique recommandable. Si le modèle en géographie peut s’avérer parfois utile, par exemple dans le domaine de la géographie des transports, il n’en est pas de même pour les situations géopolitiques. Le modèle construit par abstraction conduit inexorablement à la mise à l’écart d’un grand nombre de caractéristiques qui peuvent avoir ensuite une très grande importance. Or, ce qui caractérise les situations géopolitiques, c’est bien l’enchevêtrement et la multiplicité des facteurs qui les constituent tant d’un point de vue spatial que temporel - non seulement dans letemps passé mais aussi dans le temps présent -, ce qui en fait des situations dynamiques évoluant plus ou moins rapidement et qui parfois peuvent brusquement basculer dans le drame. C’est pourquoi la multiplication des monographies géopolitiques menées de façon comparative est utile aux progrès de la démarche géopolitique, qui est, insistons une fois de plus, à la fois diatopique et diachronique, s’appuyant à la fois sur le raisonnement géographique à différents niveaux d’analyse et sur les intersections des multiples ensembles spatiaux, ainsi que sur le raisonnement historien intégrant les différents temps de l’histoire et du présent. Ce qui peut et doit être théorisé avec rigueur, c’est la démarche géopolitique, quirepose pour une grande part sur les raisonnements géographiques et historiens mais aussi sur la nécessaire prise en compte des représentations plus ou moins subjectives que se font les différents acteurs à propos de chaque territoire enjeu d’une rivalité de pouvoirs.

L’association du temps et de l’espace, caractéristique de l’école géographique française qui intègre aussi les sciences de la nature, est sans doute ce qui a présidé à l’orientation de l’École française de géopolitique créée par Yves Lacoste et qui se développe dans le cadre de l’Institut français de géopolitique, comme l’illustre d’ailleurs le titre de l’ouvrage La Géopolitique, la longue histoire d’aujourd’hui [Lacoste, 2006]. Cependant, le bien-fondé de cette association temps/espace n’a pas toujours été perçu. En effet, si les géographes savent qu’ils ont impérativement besoin du raisonnement historien, il en est plus rarement de même pour les historiens du raisonnement géographique. Or ce sont des étudiants d’histoire qui forment de nos jours 80% des candidats au CAPES d’histoire-géographie.

À noter que, désormais, histoire et géographie sont associées dans un même manuel depuis la classe de 6ejusqu’à la 3e.

Cependant il est un domaine où les professeurs d’histoire-géo ont plaisir à donner des cours de géographie, c’est quand ils enseignent les questions de géopolitique. Celles-ci sont désormais traitées dès la classe de 3eet, au lycée,en 1re et en terminale (la mondialisation, la géopolitique de l’eau, etc.), d’une part, parce que les élèves sont intéressés et, d’autre part, parce que le traitement des questions de géopolitique nécessite impérativement d’associer le raisonnement géographique, le raisonnement historien et les rapports de force politiques territorialisés. La géographie devient alors un savoir-penser utile et efficace, ce dont les historiens n’étaient guère convaincus.

Alors que depuis les années 1990 les questions qui sont en fait géopolitiques sont abordées dans le secondaire sans s’interroger sur leur caractère scientifique, ni se demander s’il n’était pas plus judicieux de parler de géographie politique, les géographes universitaires se sont montrés beaucoup plus réservés, sinon hostiles, à l’intégration de la géopolitique dans leur enseignement. Mais la situation est en train d’évoluer, comme le prouvent le thème de la 19eédition du Festival international de géographie, « Guerres et Conflits : la planète sous tension », et le grand nombre de propositions de conférences reçu.

De la responsabilité des géographes universitaires dans les menaces qui pèsent sur l’enseignement de la géographie

Une curieuse résistance à la prise en compte du politique

Paradoxalement, alors que l’environnement et la géopolitique préoccupent de plus en plus de monde et que ces deux domaines relèvent plus et mieux que d’autres de la géographie, les effectifs des étudiants de cette discipline sont en baisse depuis plusieurs années. La coupure volontaire entre la géographie physique et la géographie humaine, souhaitée par les spécialistes de l’une ou de l’autre, a déjà conduit à ce que dans l’enseignement secondaire la géographie physique soit désormais prise en charge par les professeurs des sciences de la vie et de la terre, libérant ainsi les professeurs d’histoire-géo d’un enseignement qu’il leur pesait d’assurer pour la très grande majorité d’entre eux. Mais celui-ci pourrait bien leur faire défaut quand ils abordent la géopolitique de l’eau ou la crise alimentaire mondiale.

Pourquoi les géographes universitaires ont-ils été aussi longtemps - et certains le sont encore - réticents à reconnaître l’efficacité de la démarche géopolitique ? Et, sans l’éclatement de l’Union soviétique et les bouleversements géopolitiques qui s’en sont suivis, je ne suis pas sûre que les réticences n’auraient pas continué. Pourtant, dès 1982, Hérodote change de sous-titre pour devenir « Revue de géo graphie et de géopolitique ». Mais à ce moment-là les géographes universitaires sont toujours hostiles ou, du moins, mal à l’aise avec la prise en compte du politique - et ce pour de mauvaises raisons, dont celle de s’en tenir à une conception étroite du champ de la géographie afin d’assurer aux yeux des autres disciplines un label scientifique. Onpourrait penser que la forte présence de géographes membres du Parti communiste parmi les géographes universitaires les plus renommés des années 1960 et 1970 aurait pu lever cet ostracisme sur le politique. Il n’en a rien été. Pourtant ils étaient persuadés qu’ils étaient les seuls à prendre encompte le politique puisqu’ils parlaient du capitalisme et du socialisme - mais au niveau planétaire, sans s’intéresser aux conflits locaux. Ainsi, Pierre George se plaisait surtout dans des représentations, des typologies construites à très petite échelle qu’il étayait par des exemples, cas choisis « au hasard » et traités à grande échelle. Quant à Jean Dresch, il s’était spécialisé dans la géomorphologie et même dans celle des déserts, où les interférences avec le milieu humain sont limitées.

Mais, curieusement, chaque fois qu’Yves Lacoste a demandé un article à des géographes spécialistes d’une région du monde, généralement autre que la France et même l’Europe, où se déroulaient des affrontements armés, ceux-ci ont toujoursrépondu de façon positive et donné dans leur article une analyse géographique pertinente du drame en train de seproduire. Ilse peut que les géographes de terrain, c’est-à-dire les géographes spécialistes d’une région, ne soient pas de grands théoriciens. Confrontés à des situations parfois d’une extrême complexité, ils mettent tout leur savoir-penser l’espace à les débrouiller et, quand ils écrivent pour Hérodote, ne négligent pas les facteurs politiques, sachant qu’autrement Yves Lacoste les incitera à aborder les points délicats qu’ils avaient prudemment mis de côté ; je pense qu’ils ytrouvent un réel plaisir tout en étant parfois surpris de ce qu’ils ont osé écrire.

Ces géographes de « terrain », en particulier ceux officiant loin des instances universitaires institutionnelles (CNU...), au CNRS ou à l’IRD par exemple, construisent leur carrière sur leur renommée acquise par leur remarquable connaissance d’un terrain et ce, tant d’un point de vue de géographie physique qu’humaine, ce qui les place dans une situation de moindre compétition avec des chercheurs d’autres disciplines de sciences sociales comme les anthropologues, les historiens ou les économistes. Il est vrai aussi que, dans ces situations de conflits, les caractéristiques naturellesdu terrain ont une réelle importance et qu’il est donc inenvisageable de les négliger.

Par contre, les choses se passent différemment pour les géographes universitaires qui enseignent la géographie générale humaine et qui ne travaillent pas surdes régions lointaines où se déroulent des conflits armés et meurtriers, comme en France ou en Europe par exemple. Ceux-ci sont directement confrontés à laconcurrence des nombreux chercheurs en sciences sociales, par exemple des politologues dans le champ de la géographie électorale, des économistes dans lechamp du développement économique territorial, des urbanistes quand ils travaillent sur la ville, et à peu près constamment des sociologues. Cette situation de concurrence ne faisant que s’accroître depuis que la ville ou l’urbain, comme l’a défini Françoise Choay, regroupe plus de 80% de la population française, ce qui à première vue rend moins nécessaire la prise en compte des contraintes physiques. Sans doute est-ce pour cette raison - la situation de concurrence - que les concepteurs de la géographie universitaire qui se veut scientifique sont principalement des géographes travaillant sur la France ou sur l’Europe. En compétition directe avec les sociologues (surtout quand ils travaillent sur la ville, mais pas uniquement) ou les politologues, qu’ils soient spécialistes des relations internationales ou de géographie électorale, ces géographes universitaires veulent hisser leur discipline au panthéon des disciplines scientifiques en sortant la géographie de ce qu’ils voient comme un statut bancal puisque relevant à la fois des sciences de la nature et des sciences sociales. Ce n’est pourtant pas un cas unique : l’écologie et la médecine sont, comme la géographie, épistémologiquement à cheval sur les sciences de la nature et les sciences sociales, sans que cela apparaisse comme une anomalie. Quoi qu’il en soit, dans les années 1970, des géographes revendiquent la qualification de science sociale pour leur discipline, dans la mesure où elle s’intéresse à la dimension spatiale des sociétés. Cette situation de concurrence ne concerne d’ailleurs pas le seul débat scientifique, elle se retrouve aussi dans l’obtention des contrats d’études, par exemple sur le marché des politiques de la ville ou celui des diagnostics locaux dans le domaine de l’aménagement du territoire.

Mais, à la fin des années 1990, du fait de l’importance prise par les questions environnementales, il devient stupide de ne pas les réintégrer dans le champ de la géographie, champ qu’elles n’auraient pas dû quitter. C’est ainsi que, comme le dit Jacques Lévy entre autres, « c’est en tant que discipline s’intéressant à la dimension spatiale des sociétés, autrement dit une science sociale parmi d’autres, qu’elle [la géographie] étend sa recherche à la nature » [Actes FIG, 1999]. Mais entre-temps d’autres, dont les sociologues, ont investi le champ de l’environnement. Cette affirmation que la géographie est essentiellement science sociale (ce qui aurait dû logiquement yinclure le politique) a ainsi contribué à aggraver la coupure avec les géographes physiciens, dont la formation est de plus en plus pointue du fait des progrès techniques dans le domaine de l’image et de tout ce qui est mesure. Or cette coupure a eu des effets désastreux, car la spécialisation accrue des géographes physiciens et leur représentation dévalorisée de la géographie humaine ont fait rater aux géographes la place qu’ils auraient dû occuper dans le champ de l’environnement [Giblin, 2001]. Seuls quelques géomorphologues telle Yvette Veyret ont compris, dans les années 1980, l’importance du lien entre géographie physique et géographie humaine.

L’environnement : une autre impasse épistémologique géographique

Pourtant, dans ce domaine aussi il yavait un remarquable précurseur en la personne de Jean Tricart, qui a publié en 1979 son ouvrage L’Éco-géographie et l’aménagement du milieu natureldans la collection « Hérodote » dirigée par Yves Lacoste aux éditions François Maspero. Jean Tricart fut professeur à l’université Louis Pasteur de Strasbourg, où le département de géographie est installé au sein de la faculté des sciences ; en 1956, il ycréa le Centre de géographie appliquée. Comme pour Y. Lacoste, les années 1970 furent des années mémorables, peutêtre grâce aux événements de 1968, qui chamboulèrent souvent en bien l’université. Avec Georges Bertrand en particulier, il défendit « la nécessité de pratiquer une géographie physique globale et [...] le fait que la nature s’inscrit dans le social » [Veyret et Vigneau, 2002]. Pour Tricart comme pour Lacoste, il importait de montrer à quoi sert le raisonnement géographique. Cet ouvrage important, quoique parfois d’une lecture ardue et technique, n’a pas reçu l’audience qu’il aurait dû logiquement avoir. Et, bien que géomorphologue, Jean Tricart n’a pas reçu l’appui de ses confrères, qui lui ont peut-être reproché de trop s’aventurer dans le domaine de la géographie humaine ou de trop s’orienter vers les écologues (et non les écologistes). Ilfaut dire que les géomorphologues tenaient pour aimable bavardage la géographie humaine et que seule à leurs yeux la géomorphologie méritait le label scientifique. Sans se rendre compte qu’ainsi ils dégoûtaient à jamais de la géographie des générations de futurs professeurs d’histoire-géo, collés à cause de la « morpho », du fait de leur incapacité à faire correctement une coupe géologique dont ils ne voyaient pas l’utilité, si ce n’est d’être un exercice académique sélectif.

Sans doute est-ce parce que l’environnement intéresse tout le monde que les géographes physiciens et en particulier les géomorphologues ont bien dû finir pars’y pencher. Un peu tard. Ilen est de même avec la géopolitique, qui s’est en quelque sorte imposée en raison de l’importance qu’ont pris les problèmes géopolitiques pour nos concitoyens, alors que le champ a été défriché dès le début des années 1980 par quelques-uns.

C’est d’ailleurs l’une des questions épistémologiques les plus intéressantes, mais aussi les plus préoccupantes, de la géographie universitaire française : l’art des géographes universitaires d’évincer ou de marginaliser les travaux de ceux qui donnent à leur discipline davantage de sens et de raison d’être en élargissant considérablement le champ de ses préoccupations. Jepense à Élisée Reclus, Jacques Encel, Jean Gottman et quelques autres. C’est ce que Lacoste a appelé le champ de la « géographicité » [Lacoste, 1981] en référence au concept d’historicité des historiens, autrement dit le champ de ce qui peut et doit être considéré comme géographique ou, mieux, peut relever du raisonnement géographique. Hérodotea publié plusieurs articles sur cette question [1984, 1995], en rappelant le choix non dit (et qui de ce fait n’avait donc pas à être justifié) d’un champ étroit de ce qui doit être considéré comme géographique avec la préoccupation de définir un objet scientifique précis, capable de trouver sa place parmi deux autres disciplines, l’une déjà bien installée, l’histoire, l’autre en plein essor, la sociologie.

Pour ma part, j’y vois principalement trois raisons :

Premièrement, le contexte dans lequel la géographie universitaire s’est constituée, après la défaite de 1871. Àce moment-là, c’est la fonction idéologique de l’enseignement de la géographie qui prime. Il fallait former les futurs citoyens àl’amour de la patrie, renforcer l’unité de la Nation et assurer l’ardeur à la défendre. En ce sens, les géographes ont, avec l’aide des historiens, parfaitement rempli leur rôle. Mais cette fonction idéologique légitime a été masquée à l’université sous un discours apparemment scientifique, insistant sur les permanences, sur les temps très longs, comme s’il existait une sorte d’immanence géographique ; ceci a bien fonctionné jusqu’à la fin des années 1950 puisque le rôle des géographes universitaires a été exclusivement jusqu’à cette période de former des professeurs d’histoire-géographie.

Deuxièmement, la nécessité de se distinguer de la géographie universitaire allemande, beaucoup plus ancienne et renommée (cf.Lacoste, supra).

Troisièmement, la nécessité de se démarquer de la sociologie en mettant longtemps de côté les études urbaines, terrain sur lequel les sociologues commençaient à officier pour décrire le fonctionnement des classes sociales en plein bouleversement du fait de la révolution industrielle. Rappelons le conflit qui opposa Vidal de la Blache à Durkheim qui voulait, à la place de la géographie, un enseignement des sciences sociales au lycée ; la géographie l’emporta grâce au soutien des historiens. Le prix à payer fut celui de s’en tenir « au sol et non à l’État », comme le préconisait Lucien Fèvre dans La Terre et l’évolution humaine [1922]. Un des signes de cette volonté de s’écarter du politique est la façon ironique et méprisante dont les géographes ont longtemps parlé de l’ouvrage d’André Siegfried, Tableau politique de la France de l’Ouest[1913], en insistant sur la phrase devenue fameuse chez les géographes : « le granite vote à droite, le calcaire vote à gauche ». Cette phrase n’était qu’une boutade pour faire référence aux limites méridionales de la Vendée. Se trouvant dans l’introduction, il fut facile de la sortir de son contexte et de passer sous silence les pistes novatrices qu’ouvrait cette première géographie électorale régionale.

Peu à peu, le champ d’intervention des géographes s’est ouvert, mais avec un point de résistance envers le politique, ce qui explique d’ailleurs la faiblesse de la géographie électorale, qui n’a véritablement pris un certain essor qu’avec l’arrivée du Front national dans le paysage électoral français ; jusqu’alors on parlait davantage de permanence que de changements [Giblin, 1986].

Néanmoins, la facilité et la rapidité avec lesquelles les cartes électorales sont désormais réalisées grâce à l’informatique n’en font plus l’apanage des géo graphes. La qualité des centres de recherches de science politique, leur maîtrise des sondages, les nombreuses études électorales réalisées à la demande des partis politiques ont aussi contribué à marginaliser les études géographiques électorales.

En revanche, ce n’est pas véritablement encore le cas de la géopolitique électorale, celle qui analyse les résultats électoraux sous l’angle des rivalités de pouvoirs sur les territoires et des représentations que les différents protagonistes (électeurs compris) se font du territoire, qu’il s’agisse de l’État dans son ensemble, d’une circonscription électorale, d’un département, d’une région ou d’une commune.

De l’utilité de la géopolitique électorale

La géopolitique électorale a commencé en 1984 avec l’article que j’ai publié et dans lequel j’abordais les rivalités de pouvoirs pour le contrôle de l’électorat du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais entre le Parti communiste, qui continuait de contrôler l’est du bassin, et le Parti socialiste, qui était parvenu à reconquérir la partie ouest. J’avais déjà la conviction que la démarche géopolitiquefondée sur le raisonnement géographique menée à différents niveaux d’analyse et sur la prise en compte des représentations territoriales des différents protagonistes, était très efficace pour comprendre des situations qui apparaissaient curieuses ou non conformes à la sociologie électorale. Deux ans plus tard, la parution simultanée des trois gros volumes de la Géopolitique des régions françaises[1986] a été un succès (sa présentation dans l’émission de Bernard Pivot « Apostrophes » yayant aussi fortement contribué). Nous assistions aux prémisses des succès électoraux du Front national et, comme ils étaient parfois obtenus sur des « terres de gauche », il nous était apparu important de comprendre pourquoi et d’établir la relation plus ou moins directe entre ce vote et la présence de la population immigrée maghrébine, au grand dam de certains collègues sociologues ou politologues de gauche.

Vingt ans plus tard fut publiée chez le même éditeur la Nouvelle Géopolitique des régions françaises[2005], fort différente de la première, la situation des régions françaises ayant beaucoup changé en vingt ans. Dans cet ouvrage, les analyses électorales, menées sur plusieurs strates d’analyse, mettent entre autres l’accent sur les conflits qui opposent les acteurs, ycompris d’un même parti, et sur les stratégies territoriales mises en œuvre pour conquérir ou garder le contrôle du territoire en jeu, circonscription législative, canton, commune. Ainsi, par exemple, ont été décortiquées les stratégies d’alliance électorale entre la droite et l’extrême droite pour conquérir la région PACA traditionnellement tenue par la gauche [Lefevre], analysés la résistance de l’ancrage territorial du Parti communiste en Seine-Saint-Denis [Subra] ou dans le Valenciennois [Giblin], le rôle des nationalismes régionaux dans certaines alliances politiques et électorales inattendues comme en Bretagne et au Pays basque [Loyer], ou encore le clientélisme politique pratiqué à Perpignan. Ce sont autant de thèmes étudiés avec précision pour rendre compte des permanences ou des changements plus ou moins inattendus de certaines cartes électorales. La prise en compte de la sociologie électorale, on le sait, est indispensable à l’explication du vote, mais les stratégies mises en œuvre sur le terrain pour en prendre ou en garder le contrôle électoral sont tout aussi précieuses. C’est aussi ce que démontre dans ce numéro l’article de Frédérick Douzet sur les stratégies de conquêtes de prise de pouvoir des villes d’Oakland et Los Angeles. En revanche le silence qu’a rencontré cet ouvrage dans la presse régionale, à la différence de la presse nationale, montre combien il est encore politiquement incorrect d’exposer ou même seulement de rappeler ces stratégies plus ou moins démocratiques et certaines collusions politiques et de révéler les liens parfois étroits entre le personnel politique et la presse locale.

Si les résultats des élections présidentielles françaises ne mobilisent guère ou peu de temps les médias des autres États européens, il n’en va pas de même bien évidemment pour les élections présidentielles américaines, dont les résultats peuvent avoir de réelles conséquences pour le monde entier. La complexité des primaires, organisées différemment selon les États, ainsi que l’immensité du territoire font que les campagnes électorales yont une ampleur inégalée. En vérité, l’élection présidentielle peut se jouer sur un très petit nombre d’États clés et même sur quelques circonscriptions clés dans ces quelques États. Les cartes électorales se succèdent, montrant les quelques États incertains, c’est-à-dire ceux qui feront basculer le résultat soit en faveur du candidat démocrate soit en faveur du candidat républicain. C’est donc la capacité mobilisatrice de chaque candidat et celle de ses militants, mais aussi leur capacité à porter les représentations de la nation américaine les plus mobilisatrices aux endroits les plus électoralement stratégiques qui feront la différence. Ainsi, les stratèges de la campagne présidentielle de 2004 s’accordent à dire qu’il a manqué à John Kerry pour remporter l’élection présidentielle 500000 voix, voix perdues dans l’Ohio. Aussi désormais aux ÉtatsUnis toutes les équipes de campagne comportent des géographes qui maîtrisent lacartographie et, surtout, ont une bonne connaissance du terrain. Comme il est essentiel de bien choisir les territoires à cibler, c’est donc un travail d’une grande précision mené à un niveau d’analyse parfois très local afin de repérer l’électorat àconvaincre et assurer l’efficacité des courriers ou des appels téléphoniques. L’utilisation des très nombreuses bases de données et autres statistiques, payantes, mais aussi des systèmes d’information géographiques (SIG) et la cartographie à l’échelle de l’îlot (autorisée) rendent le travail de repérage des électeurs américains àcibler de plus en plus précis et efficace, même si l’incertitude du vote ne sera jamais totalement réduite. Il est intéressant de noter qu’après avoir disparu d’un certain nombre d’universités, la géographie américaine renaît en partie grâce à l’engouement suscité par les systèmes d’informations géographiques, qui per mettent à nombre de politologues de découvrir la dimension spatiale des conflits qu’ils étudient.

Démocratie et géopolitique = davantage de conflits

On a pu penser que l’absence de démocratie pouvait être une source d’aggravation des conflits infra-étatiques (ou internes) et voir dans les élections le moyen civilisé parce que démocratique de résoudre ou de prévenir les conflits internes. L’acceptation des résultats électoraux est en effet le gage d’une société démocratique, les élections étant perçues comme un facteur de paix politique. Mais la démocratie, en accordant une plus grande liberté de parole, est aussi un facteur dedéveloppement de conflits. Plus une société jouit d’un niveau culturel élevé et plus elle est démocratique, plus les manifestations de rivalités politiques sont nombreuses. En effet, la prise de parole, la capacité à contester certaines décisions imposées par le « haut » sont beaucoup plus vastes. Ilest vrai aussi que ces conflits sont généralement beaucoup moins meurtriers. Encore que ce ne soit pas toujours le cas, comme le montre l’exemple de certains nationalismes régionaux. Ainsi, c’est dans une Espagne démocratique que le terrorisme de l’ETA continue de subsister, c’est dans une France démocratique que des attentats ont lieu en Corse. Mais il est aussi vrai qu’en Belgique la radicalisation de certains nationalistes flamands n’a pas (encore) dégénéré en conflit violent et meurtrier. Par contre, dans les années 1990, c’est dans une Yougoslavie devenue plus démocratique qu’éclata une terrible guerre civile. C’est aussi au nom de la démocratie et du respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qu’une partie de la communauté internationale a reconnu l’indépendance de fait du Kosovo, créant ainsi un précédent dont on ignore encore les conséquences internationales à plus ou moins long terme.

Nous pensons que la démarche géopolitique peut aider à comprendre le basculement dans la violence de groupes sociaux et politiques dans des sociétés démocratiques. En effet, la prise en compte des représentations liées au territoire que se font les défenseurs de la cause nationale ou indépendantiste, représentations qui peuvent parfois aller jusqu’à une sorte de sacralisation du territoire même si celui-ci n’a pas de valeur économique ni parfois même de valeur stratégique, et j’allais même dire surtout s’il n’a ni l’une ni l’autre, peut aider à comprendre la force de l’engagement jusqu’à la mort. Sans cette puissante charge symbolique, comment dès lors justifier la violence du combat ? Cependant, nous l’avons dit, tous les combats des nationalistes régionaux ne basculent pas dans laviolence même si le but poursuivi, l’indépendance, peut être le même. C’est pourquoi il est nécessaire de les comparer afin de comprendre ce qui les différencie, ce qui justifie une fois de plus de réaliser des monographies géopolitiques qui doivents’attacher à présenter l’organisation géographique du territoire en question. Pourquoi la violence terroriste perdure-t-elle au Pays basque alors qu’elle a disparu de la Catalogne depuis le milieu des années 1970 et qu’elle ne semble pas s’y réinstaller ? (cf. Loyer, supra). Il est aussi utile d’accorder de l’importance aux représentations physiques du territoire, car elles peuvent parfois expliquer la force de l’attachement territorial. Ainsi, en Flandre, les médiocres qualités physiques naturelles du sol -sablonneux et souvent inondable avant qu’un travail acharné de plusieurs siècles ne l’ait transformé -alimentent la représentation très forte de la qualité du travail accompli par les Flamands et de leur extrême attachement à ce sol qu’ils ont rendu fertile à force de travail. Il n’est donc pour eux pas question de céder un arpent de ce sol qui est le leur et qu’ils ont su faire fructifier à des francophones, qui plus est wallons, qui à leurs yeux ne savent que profiter du travail flamand désormais indispensable au financement deleurs aides sociales. Mais ce combat se fait sans qu’il ait été nécessaire jusqu’ici d’en passer par la violence. Ilen va tout autrement en Corse, où là aussi l’attachement au sol, à la terre serait d’ailleurs plus juste, est très fort, mais non pas pour des raisons d’investissement de travail pluriséculaire comme en Flandre. Au contraire, c’est plutôt pour n’avoir pas aménagé le territoire et de ce fait avoir (involontairement) préservé la beauté naturelle des paysages ycompris côtiers que ces paysages sont aujourd’hui devenus un capital à défendre, ycompris par la violence comme le montrent les attentats contre les résidences secondaires de certains non-Corses. Dans une excellente Géopolitique de la Corse, Marianne Lefevre et Joseph Martinetti [2007] décortiquent la question corse et les origines de la force de cette identité territoriale portée en étendard. Onne peut que s’interroger sur l’absence de ce livre dans les librairies corses, dont les rayons regorgent pourtant de publications sur la région.

Le dernier champ où le développement de la démocratie s’est accompagné de nouveaux conflits, c’est celui de l’aménagement du territoire, comme le montre l’article de P. Subra. Longtemps perçu comme relevant d’un savoir-faire technique confié à des experts ycompris de l’intérêt général, l’aménagement du territoire est désormais clairement, du moins pour nous, un champ de l’analyse géopolitique.

Perspectives géopolitiques

Il ne s’agit pas, dans cette réflexion sur les perspectives géopolitiques, d’annoncer tel un oiseau de mauvais augure les conflits à venir, ni où et quand ils se produiront. En revanche, on peut grâce à la démarche géopolitique attirer l’attention sur les risques que font encourir certaines situations.

Pour ce qui concerne la France, l’une des questions géopolitiques les plus difficiles à résoudre est la concentration massive dans certaines communes voire certains quartiers de populations immigrées venues de pays autrefois colonisés par le pays. Or, une partie de leurs enfants sont victimes de discriminations pour l’emploi et le logement, situation qui les conduit à se percevoir comme n’appartenant pas pleinement à la nation du pays dont ils ont la citoyenneté, et leur concentration en certains lieux accentue encore leur perception d’être des citoyens de seconde zone, au point même de se raconter comme étant encore et toujours dans une situation coloniale [cf. Robine, supra].

Cette question, même si elle ne concerne qu’une partie des descendants de l’immigration postcoloniale, concentrés dans les logements sociaux principalement des banlieues des régions parisienne et lyonnaise, des environs de Marseille et deLille, ne met pas en cause seulement des petits territoires bien répertoriés, où différentes politiques sont depuis plus de trente ans mises en œuvre avec plus oumoins de résultats. Elle concerne également d’autres territoires plus vastes : la France dans son ensemble, en premier lieu, avec la représentation partagée par un nombre important de ses citoyens qu’elle est menacée dans son identité, sans qu’il leur soit néanmoins possible de définir celle-ci précisément.

Cette question sociale et nationale [Giblin, 2006] de l’immigration postcoloniale trouve un écho sur le versant sud de la Méditerranée, dans les États autrefois colonisés par la France et au premier chef en Algérie. C’est, on le sait, en Algérie que le ressentiment envers la France, toujours perçue comme l’ancienne puissance coloniale, est le plus grand. Pourtant -et c’est un paradoxe douloureux -,jamais les relations n’ont été aussi fréquentes et étroites entre Français et Algériens,justement à cause de la présence en France de nombreuses familles algériennes à la fois étrangères et françaises à la deuxième génération. Au souvenir douloureux de la colonisation s’ajoute pourtant parfois le très fort désir de rejoindre ceux de lafamille ou des amis qui ont pu émigrer en France et yfaire souche. Cette aspiration, qui de façon contradictoire peut aussi être vécue comme une humiliation, traduit une certaine forme de frustration née de l’incomplète réussite des rêves que l’indépendance chèrement acquise de la nation avait fait naître. C’est bien sur ce terreau de la frustration économique sociale et politique que prospère l’islamisme, pas forcément le plus radical, mais celui qui assure dans la sphère publique le pouvoir des hommes sur les femmes. Et c’est ce processus d’islamisation de sociétés qui l’étaient moins il ya une vingtaine d’années, qui contribue à aggraver les tensions à l’intérieur même des États et entre les deux rives de la Méditerranée. Perspective géopolitique à suivre.

Bibliographie

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 Hérodote(1984), « Les Géographes, l’action et le politique », Congrès international de géographie, Paris.

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 -, (1986), Géopolitique des régions françaises, Fayard, Paris.

 -, (2006),La Géopolitique, la longue histoire d’aujourd’hui, Larousse, Paris.

 LEFEVRE M., MARTINETTIJ. (2007), Géopolitique de la Corse, Colin, Paris.

 LÉVY J. (1999), Revisiter le couple géographie physique, géographie humaine, Actes du FIG, Paris.

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 TRICART J. (1979), L’Éco-géographie et l’aménagement du milieu naturel, collection « Hérodote », François Maspero, Paris.

 VEYRET Y.et VIGNEAU J.-P.(dir.), Géographie physique. Milieux et environnement dans le système Terre, A. Colin, 2002.


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Hérodote est historiquement liée à la formation en géopolitique (master et doctorat) de l’Université Paris 8 — Vincennes - Saint-Denis, l’Institut Français de Géopolitique (IFG) où ont enseigné son fondateur Yves Lacoste, sa directrice Béatrice Giblin (également fondatrice de l’IFG), et une partie importante de l’équipe de la revue.

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