La politique étrangère chinoise : une Chine sans ennemis n’est pas forcément une Chine rassurante
La politique étrangère chinoise reste aujour-d’hui au service de l’entreprise sans précédent de réformes et de développement économique qu’a entamée la direction du PC chinois après la mort de Mao Zedong. La montée en puissance de la Chine au cours des années 1990 a gonflé les ambitions régionales et mondiales de ce pays. Si ces ambitions restent aujourd’hui inchangées, néanmoins, depuis 2001 le style comme les objec-tifs de la politique étrangère de la Chine populaire ont notablement évolué. Aujourd’hui, la Chine ne cesse d’insister sur le caractère « pacifique » et « harmonieux » de son émergence mondiale. Il n’en demeure pas moins que cette modération trouve sa limite dans la question de Taïwan, les relations sino-japonaises et plus encore dans l’accélération de la modernisation d’une Armée appelée à concurrencer sur le plan stratégique les États-Unis, du moins en Asie. Il reste donc loin d’être certain que la dépendance extérieure croissante de l’économie chinoise et l’intégration progressive de ce pays dans la communauté mondiale pour-ront tempérer les ardeurs et la fierté nationalistes que cette reconquête par la Chine de son statut de grande puissance a immanquablement secrétées.
Abstract : China’s Foreign Policy : a China without enemies is not necessarily reassuring
Since Mao Zedong’s death, China’s foreign policy has been aimed at supporting the country’s economic development and reforms. China’s growing power in the 1990s has of course swollen its regional and global ambitions. Though these ambitions have not diminished, China’s foreign policy discourse and objectives have softened since 2001. Today, Beijing insists on the peacefulness of its emergence on the world scene and keeps promoting harmonious and win-win solutions. Nevertheless, this moderation is offset by its growing military pressure on Taïwan, the lingering tensions in Sino-Japanese relations and the acceleration of its military modernisation, an effort aimed at competing with the USA, at least in East Asia. It is therefore far from certain that the Chinese economy’s growing dependence upon the outside as well as China’s gradual integration in the world community can by themselves moderate this country’s international ambitions and nationalism and in particular its objective to be considered again as a world power.