Parmi tous les phénomènes de guérilla en Amérique latine, les FARC-EP (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia) constituent un cas exceptionnel. Leur longévité, leur cohésion, leurs effectifs, leur implantation territoriale, leurs succès militaires sont là autant de données remarquables. Le fait qu’elles disposent depuis 1980 de ressources économiques considérables concourt largement à leur potentiel stratégique. Cela aurait cependant pu provoquer leur éclatement. Leur longévité et le maintien de leur cohésion renvoient donc à deux autres facteurs : l’ethos ruraliste qui continue à les caractériser et qui perpétue une dimension majeure de ressentiment ; le primat accordé à l’action militaire sur l’action politique. Ces deux spécificités ont leur revers : dans un pays urbanisé et face à un régime qui se réclame de la démocratie, même s’il entérine maintes distorsions aux règles que celle-ci comporte, les FARC ne peuvent bénéficier que d’une crédibilité politique réduite.

Abstract : The FARC : longevity, military power, political insolvencies

Among all Latin American phenomena of guerillas, the FARC-EP (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia) constitute an exceptional case. Their longevity, their cohesion, their number, their territorial implantation, their military success are all remarkable occurences. The fact, that since 1980 they have substantial economical resources, contributes to their strategic potential. It could have thus provoked their dispersal. Their longevity and upholding of cohesion is linking to two other factors : the rural culture still characterizing them and perpetuating a massive resentment dimension ; the primacy of military action on political action. These two specificities have their downfalls : in an urbanized country and against a regimen wanting to be democratic, even if it ratifies many distortions to the rules of democracy, the FARC can only benefit form a reduced political credibility.