La Russie et la construction européenne
par Ludovic Royer
Depuis son dernier élargissement, l’Union européenne partage désormais 2 257 kilomètres de frontière commune avec la Russie. Cette dernière est particulièrement troublée par une telle reconstruction de l’Europe, qu’elle compare de plus en plus souvent à la naissance d’un empire, d’autant plus que ce processus s’accompagne d’un renforcement de l’OTAN. La Russie postsoviétique, qui peine à trouver la place qui lui revient sur la carte de l’Europe, appréhende l’UE tantôt comme un partenaire naturel, tantôt comme un concurrent et parfois comme un adversaire. À chacune de ces perceptions correspond une approche spécifique établie par Moscou : si l’UE est le premier partenaire commercial de la Russie, celle-ci entretient des relations bilatérales privilégiées avec les grands États européens, ce qui est loin d’être le cas des Pays baltes et de la Pologne. Partisane d’une Europe politique, la Russie admet néanmoins qu’un retard ou un échec de la Constitution européenne serait loin de défavoriser ses intérêts.
Abstract : Russia and the European construction
Since its last expansion, the European Union (EU) shares now 2257 km of common border with Russia ; Russia is quite troubled by such a European reconstruction and compares it more and more to the birth of an Empire, especially since this process goes hand in hand with the strengthening of the NATO. The post-soviet Russia, struggling to find its place on the map of Europe, feels apprehensive about the EU and considers it sometimes as a natural partner, sometimes as a competitor and even at times as an enemy. To each of these perceptions corresponds a specific approach set up by Moscow. If the EU is Russia’s first commercial partner, Russia maintains privileged bilateral relations with great member-states of Europe, which is not the case of Baltics states and Poland. Supporter of a political Europe, Russia admits that a delay or a failure in the European Constitution will for sure favor its interests.