L’Arabie saoudite, un État à risque
par Olivier Da Lage
Résumé :
Le royaume dont hérite en janvier le roi Salman, qui succède à son demi-frère Abdallah, est confronté à la poussée au Yémen des rebelles houthis, soutenus par l’Iran, aux négociations sur le nucléaire iranien qui sont sur le point d’aboutir malgré l’opposition de Riyad, à la progression en Irak et en Syrie de l’État islamique qui s’en prend désormais ouvertement au pouvoir saoudien et à la baisse continue des cours du pétrole. Bien qu’âgé de 79 ans et en mauvaise santé, le nouveau roi surprend en écartant les proches de son prédécesseur et en confiant l’essentiel du pouvoir à son plus jeune fils Mohammed Ben Salman, qui mène à partir de mars une guerre contre les houthis au Yémen. Mais les résultats incertains de cette guerre, l’accord intervenu en juillet entre l’Iran et les puissances occidentales, la chute continue du cours des hydrocarbures et l’absence de soutien apparent à Mohammed Ben Salman au sein de la famille Al-Saoud laissent penser qu’en ce début 2016 la situation du royaume est plus périlleuse qu’à l’avènement du roi Salman un an auparavant.
Abstract : Saudi Arabia, a highrisk state
By succeeding his half-brother Abdullah, King Salman inherited a kingdom facing many threats. The thrust of the Iraniansupported Huthi rebels in Yemen ; the negotiations on the Iranian nuclear program which appear about to conclude in spite of stiff opposition on the part of Riyadh ; the progression in Iraq and Syria of the Islamic State which now openly challenges the Saudi regime and the persistent fall in oil prices. Despite his advanced age — 79 — and his frail health, the new king has made surprisingly bold moves by sidelining officials close to his predecessor and by giving carte blanche to his youngest son Muhammad bin Salman, who, from March 2015 onwards, has led a war in Yemen against the Huthis. However, the uncertain outcome of this war, the agreement reached in July between Iran and the Western powers, the ongoing fall of oil prices and the absence of apparent support for Muhammad bin Salman within the al-Saud family suggest that, at the dawn of 2016, the situation of the kingdom is fraught with far more peril than just a year earlier when Salman acceded to the throne.
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