L’« effet Nasrallah » : les conséquences de la guerre Iraélo-libanaise au Proche-Orient

par Tareq Arar

*Doctorant, Institut français de géopolitique, université Paris-VIII.

L’affirmation de Hassan Nasrallah, et du Hezbollah, en tant que défenseur des droits de la nation arabe lors de la guerre israélo-libanaise de juillet-août 2006 pourrait lui donner un rôle politique d’une nouvelle envergure. Néanmoins le Hezbollah est un mouvement aux capacités restreintes : il agit dans un petit pays divisé (le Liban) et c’est une organisation chiite (l’identification des masses arabes sunnites au leader libanais est donc loin d’être une évidence). Ce sont pourtant les conséquences de son succès que nous aborderons dans cet article.

La récente épreuve de force remportée par le Hezbollah face à Israël ne manquera pas de donner un formidable élan aux mouvements islamistes en plein essor depuis le début des années 1980. Mais l’apparente unité entre islamistes chiites et sunnites réunis sous la bannière du Hezbollah pourrait cependant n’être que conjoncturelle. Enfin, l’échec d’Israël reconforte les positions respectives de l’Iran et de la Syrie dans leur confrontation avec les États-Unis et la communauté internationale.

Abstract : The Nasrallah effect : consequences of the Israel-Lebanon War in the Middle East

The statement of Hassan Nasrallah and of the Hezbollah, as the upholder of the Arab nation’s rights during the Israel-LebanonWar of July-August 2006, could give him a political role of a new calibre. Nevertheless Hezbollah is a movement with restrained capacities : it exists in a small divided country (Lebanon) and it is a Shia organization (for this reason the identification of the Arab Sunni masses to the Lebanese leader is far from being evident). The consequences of its success will be developped in this article.

The recent conflict won over by the Hezbollah against Israel will give a great push to Islamist movements, rising from the beginning of the 80s. But the obvious unity between Shia and Sunni Islamists, gathered under the banner of the Hezbollah, could be only conjonctural. At last, the Israeli failure reassures the positions of Syria and Iran in their confrontation against the United States and the international community.

Article Complet

La guerre du Liban, un retour aux années 1960 ?

Les années 1960 et le début des années 1970 constituent une période charnière dans l’histoire du monde arabe en ce qu’elles ont été marquées par une vague populaire, jusqu’à présent inégalée, de sentiments à la fois nationalistes et révolutionnaires. La décolonisation des pays du Maghreb, l’émergence d’un mouvement de libération nationale proprement palestinien et la figure de Nasser ont entretenu ces sentiments. L’idéologie nationaliste arabe représentait alors pour les peuples de la région le seul moyen d’atteindre le respect et la dignité sur la scène internationale.

Les générations qui ont vécu ces années de grands bouleversements sont encore hantées par les souvenirs d’une période où les Arabes se sentaient capables de changement et se percevaient eux-mêmes comme les acteurs de leur destin collectif. Les partis nationalistes recueillaient l’appui des masses, fortement politisées, et les démonstrations de soutien aux coups d’État - en Égypte, en Syrie ou en Irak - laissaient éclater la ferveur. Autant dire que le déclin du nationalisme arabe, en grande partie mis en échec en 1967, a laissé un vide politique et idéologique immense dans la région.

L’affirmation de Hassan Nasrallah, et du Hezbollah [1], en tant que défenseur des droits de la nation arabe lors de la dernière guerre israélo-libanaise de juillet-août 2006 pourrait donner au personnage un rôle politique d’une nouvelle envergure. Ses discours ont en effet été suivis partout dans le monde arabe, au point d’y bénéficier d’un soutien sans doute plus grand encore qu’au Liban même. Plusieurs indices semblent de fait annoncer que le leader de la milice chiite sera désormais un acteur incontournable de tout scénario de paix dans la région. Peut-on pour autant prédire un retour aux années 1960 ? Hassan Nasrallah est-il capable de créer une nouvelle unité arabe ? Si certains éléments paraissent l’annoncer, il faut néanmoins garder à l’esprit que le Hezbollah est un mouvement aux capacités d’autant plus restreintes qu’il agit dans un petit pays divisé, le Liban. Par ailleurs - et ce détail n’est pas des moindres - Hassan Nasrallah est à la tête d’une organisation chiite ; partant, l’identification des masses arabes sunnites au leader libanais est loin d’être une évidence.

Pourtant, force est de constater l’« effet Nasrallah » et c’est aux conséquences de son succès que nous nous attacherons dans cet article, en analysant successivement son impact sur les régimes et la rue arabes ainsi que sur les scènes politiques palestinienne et libanaise.

Le processus d’alignement des régimes arabes au soutien à la résistance libanaise

Les régimes arabes avaient dans les premiers jours de la guerre des positionsdivergentes. Conscients des divisions, les Émirats arabes unis, actuel président de la Ligue arabe, tentèrent bien un rapprochement en appelant à une conférence des ministres des Affaires étrangères au Caire pour élaborer une position commune, mais l’initiative, lancée le 15 juillet 2006, échoua.

Sans concertation, l’Arabie saoudite fut la première à s’exprimer publiquement ; s’alignant sur la position de son allié américain, la diplomatie saoudienne déclara que « ceux qui [avaient] pris l’initiative de cette aventure [devaient] en assumer les conséquences », tout en ajoutant la nécessaire distinction « entre la résistance légitime et les aventures irresponsables menées par des individus à l’insu de l’État, sans se référer aux autorités légitimes de leur pays et sans coordination avec les pays arabes [2] ». Quelques heures plus tard, l’Égypte et la Jordanie rejoignaient la position saoudienne.

La position gouvernementale de l’Arabie saoudite réussit à rallier les autorités religieuses en sa faveur. Des muftis saoudiens prohibèrent aux musulmans sunnites de répondre à l’appel du mouvement chiite. Ces fatwa furent néanmoins désapprouvées par d’autres mouvements islamistes tels que les Frères musulmansen Égypte ou d’autres muftis tels que Qardhaoui [3]. Plus surprenante fut la position d’Al-Qaida. Bien que très antichiite, le mouvement refusa de tenir un discours anti-Hezbollah. Al-Zawahiri, le numéro deux du réseau, déclara ainsi dans une cassette vidéo diffusée par Al-Jazeera que « chacun de ceux ayant participé à cette guerre contre les Libanais et les Palestiniens en paiera le prix... la nation musulmane doit combattre ses ennemis [4] ».

Le manque de retenue de l’armée israélienne puis le massacre de Cana [5] obligèrent néanmoins les États arabes à infléchir à leur tour leurs positions. Cherchant à contenir la pression populaire, l’Arabie saoudite changea soudain son fusil d’épaule en rejetant l’entière responsabilité du conflit sur Israël tandis que le président égyptien Moubarak, dix-sept jours après le déclenchement de la guerre, lançait ses premières critiques à l’encontre des gouvernements israélien et américain.

Les soubresauts des politiques égyptienne, saoudienne et jordanienne s’expliquent à la fois par une mauvaise appréciation de la situation politique dans la région et par une sous-estimation de la force militaire et politique du Hezbollah. Misant sur le fait que la guerre allait durer quelques jours et pensant qu’Israël était capable de réduire à néant le Hezbollah, la triade estima dans un premier temps qu’il était de son intérêt de ne pas soutenir le mouvement de Nasrallah. Et ce d’autant plus que ces trois États partagent avec Israël la perception du « parti de Dieu » comme une menace : une victoire du Hezbollah pourrait en effet servir de modèle aux autres mouvements islamistes dans le monde arabe, donnant à l’Iran une revanche sur l’échec de sa politique de contagion révolutionnaire initiée en 1979.

Force est de constater que la résistance du Hezbollah face à l’armée la plus puissante de la région non seulement surprit l’ensemble des acteurs de la scène internationale mais força les gouvernements arabes à réviser leur stratégie de communication politique. Le 7 août 2006, la Ligue arabe décida donc de la tenue d’une réunion à Beyrouth : le lieu même de la rencontre, sous les bombes israéliennes, devait témoigner du soutien et de la préoccupation des Arabes pour le peuple libanais. Plus généralement, l’enjeu était de calmer l’opinion publique arabe et, par là même, de préserver la sécurité des États mise en danger dans le cas d’une poursuite prolongée de la guerre. Le principal sujet de discussion fut de consolider la position arabe aux Nations unies : depuis quelque temps en effet circulait parmi les membres du Conseil de sécurité un projet de résolution rédigé par la France et les États-Unis. Contraintes de réagir à la gravité des événements au Liban, les grandes puissances cherchaient alors un langage commun pour intervenir dans la région. Mais le document initial préparé par les diplomaties française et américaine rencontra l’hostilité du gouvernement libanais comme de la Ligue arabe car il n’appelait pas à un retrait immédiat de Forces de défense d’Israël. Une délégation formée à l’issue de la réunion de Beyrouth se rendit donc à New York le 8 août 2006 et rencontra différents membres de l’ONU ainsi que la France et les États-Unis pour leur demander d’inclure dans le texte des extraits du plan Siniora présenté par le gouvernement libanais le 27 juillet 2006.

Modifiée puis votée le 11 août par le Conseil de sécurité, la résolution 1701 [6] constitua une petite victoire pour la Ligue arabe. Contrairement à la résolution 1559 de 2004, cette résolution ne faisait en effet plus du désarmement du Hezbollah un prérequis au cessez-le-feu, et se bornait à rappeler que la résolution 1559 devait être appliquée.

La montée en puissance du Hezbollah dans la rue arabe

Si les gouvernements arabes firent attendre leur soutien au Hezbollah, il n’en fut pas de même dans la rue arabe : là, un soutien spontané à son leader Hassan Nasrallah se fit sentir dès les premiers jours des attaques israéliennes.

Les médias arabes jouèrent sans doute un rôle notable dans la popularité du Hezbollah. Dès le premier jour de la guerre, les images furent en effet retransmises presque en continu par Al-Jazeera et d’autres chaînes de télévision satellitaires. La radio et la presse écrite dédièrent également une grande partie de leur contenu aux événements israélo-libanais et les éditoriaux dénonçant une nouvelle « trahison » des régimes arabes furent nombreux. L’« ennemi sioniste », l’« entité sioniste », l’« entité violente » : sous l’influence des discours d’« Al Sayyed [7] », les expressions tombées en désuétude pour désigner Israël firent leur réapparition.

Plus fondamentalement, le fait qu’Israël n’ait pu ni désarmer le Hezbollah ni trouver les deux soldats pris en otage, alors que pour la première fois des missiles de la milice chiite obligeaient environ deux millions d’Israéliens à se réfugier dans les bunkers, impressionna fortement les masses arabes. Et de fait : l’incapacité d’Israël à stopper les missiles du Hezbollah et les pertes subies en Galilée déclenchèrent une vague de soutien sans précédent dans le monde arabe. Le 21 juillet 2006, une grande manifestation de solidarité avec les activistes palestiniens du Hamas comme avec les combattants libanais du Hezbollah fut ainsi organisée du Maroc jusqu’aux pays du Golfe [8]. À Amman, la marche fut convoquée par les Frères musulmans, principal parti d’opposition en Jordanie, et les manifestants, islamistes en grande majorité, scandèrent le nom du chef du Hezbollah tout en appelant à des attaques sur les principales villes d’Israël. Au Caire, la manifestation fut réprimée par les forces de l’ordre. Des incidents violents éclatèrent à la porte de la mosquée Al-Azhar, lorsque des membres des forces de sécurité empêchèrent des manifestants de descendre dans la rue. Après la prière, plusieurs milliers de personnes s’étaient rassemblées dans la cour de la mosquée, arborant des drapeaux libanais et palestiniens et scandant leur soutien au Hezbollah. À Khartoum au Soudan, la manifestation de solidarité envers les peuples libanais et palestinien rassembla un millier de personnes répondant après les prières du vendredi à l’appel de Sadik Al-Mahdi, ancien Premier ministre aujourd’hui membre de l’opposition. À Tripoli, plusieurs milliers de Libyens défilèrent dans le centre-ville pour exprimer leur soutien à Hassan Nasrallah et inciter le Hezbollah à porter ses attaques sur Tel-Aviv. Dans la province orientale à population chiite de l’Arabie saoudite, enfin, les rassemblements furent particulièrement importants. Les 4, 5 et 6 août 2006 plusieurs centaines de milliers de personnes « attaquèrent à nouveau très violemment la politique d’Israël et des États-Unis et condamnèrent la passivité des régimes arabes, tout en affirmant leur solidarité avec le Hezbollah et en appelant souvent à une solidarité arabe interconfessionnelle [9] ». Dans une enquête du 19 août 2006 réalisée en Égypte par le Centre Ibn Khaldun pour les études de développement en Égypte, Hassan Nasrallah est en tête des sondages de popularité parmi les Égyptiens. D’après le même sondage, le leader politique du Hamas, Khaled Meshaal, et le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, se positionnent respectivement aux deuxième et troisième places après le leader du Hezbollah [10].

Dans tous les cas, une forte personnalisation de la résistance caractérise ces manifestations ; marque d’une culture politique tentée par le populisme, les posters arborant le portrait de Nasrallah furent légion. Le leader de la milice chiite libanaise, objet d’un culte de l’héroïsme individuel plus que d’un soutien proprement politique, rejoint ainsi un panthéon d’idoles aussi diverses que Gamal Abdel Nasser, Yasser Arafat et Che Guevara [11]. Parmi les avatars de la vénération populaire, on citera entre autres la chanson d’un groupe palestinien en hommage à Nasrallah, Sakr Lubnan (littéralement « L’aigle du Liban ») - véritable tube de l’été -, les t-shirts et affiches à l’effigie du chef du Hezbollah [12], les cassettes de ses discours diffusées à plein volume dans les taxis et cafés du Caire ou encore les extraits de ses déclarations choisis comme sonnerie de portable [13]. Autant dire que le mélange des genres constitue la norme. Al-Hayat relate ainsi comment à Damas, « dans la discothèque La Laterna, vers deux heures du matin une veille de week-end, les gens dansaient sur une musique électronique composée autour d’un “mort à Israël” prononcé par leur idole avant qu’un chanteur ne monte sur scène pour entonner “Allah, Allah, protège Nasrallah” ». Loin d’être le fait exclusif des couches les plus pauvres, « cet enthousiasme touche toutes les classes, dans tous les lieux et à toute heure de la journée ». Houayda Taha, journaliste du quotidien arabe de Londres Al-Qods-al-Arabi, confie même que « la dernière chose à laquelle [elle] pouvai[t] [s]’attendre [était] de tomber amoureuse d’un homme de religion, d’un type portant turban » et, ajoutant qu’elle « n’aime pas ces gens-là, et qu’en toute logique ils ne [l]’apprécient pas davantage », elle finit par avouer que « Nasrallah [l]’habite... » et qu’elle « pense à lui tout le temps ». Les « charmes du chef chiite libanais [14] » semblent donc bien opérer...

Dans un article du quotidien beyrouthin As-Safir, la journaliste Doha Chams témoigne finalement d’une ferveur convertie en esprit de sacrifice : « Nous avons perdu huit appartements et quatre boutiques. Mais, s’il ne devait nous rester qu’une seule goutte de sang, à moi-même, à mes enfants ou à ma femme, je la donnerais à la résistance. Nous sommes prêts à sacrifier notre vie pour Sayyed Hassan [15]. »

Le renforcement de la position du Hamas en Palestine

La rue palestinienne fut sans doute plus sensible encore que le reste de la région aux événements israélo-libanais. Un des principaux facteurs de cette hyper-sensibilité palestinienne repose sur les effets de miroir entre les deux sociétés. Confrontées à celui désigné comme un ennemi commun depuis la guerre des Six-Jours (1967) - Israël occupant à la fois la Cisjordanie et la Bande de Gaza mais aussi les Fermes de Chebaa [16] -, les résistances libanaise et palestinienne ont depuis longtemps noué des liens de solidarité incontestables. Il convient ainsi de rappeler la relation historique entre l’OLP et le Hezbollah, puisque ce dernier fut formé et entraîné par les troupes du premier. Le respect réciproque entre la milice chiite libanaise et les formations politiques palestiniennes ne date pas d’aujourd’hui ni même du retrait des troupes israéliennes du Sud-Liban en mai 2000. En témoigne la réaction violente des étudiants de l’université palestinienne de Bir Zeit aux propos de Lionel Jospin lorsqu’il qualifia à la Knesset le Hezbollah d’« organisation terroriste » [17].

Dès le premier jour de la guerre, les rues de Gaza et de Cisjordanie se remplirent ainsi de manifestants. La plus violente des démonstrations eut lieu le 25 juillet 2006 à Ramallah lors de la visite de la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice. Quelques jours avant son arrivée déjà, les représentants de plusieurs factions palestiniennes appelèrent à un « jour de la colère » (yom al-ghadab) contre la visite de la diplomate [18]. Le jour dit, de graves affrontements opposèrent la police palestinienne aux manifestants venus défiler devant la Muqata’a en scandant des slogans en faveur de Hassan Nasrallah et réclamant l’annulation de la rencontre entre Mahmud Abbas et la secrétaire d’État américaine. Malgré la répression policière, les organisations palestiniennes - le Fatah inclus - refusèrent la dispersion et dénoncèrent encore le « génocide » contre les populations palestinienne et libanaise.

L’imbrication des crises libanaise et palestinienne apparaissait alors d’autant plus clairement aux yeux des Palestiniens que les deux pays subissaient presque simultanément les formidables représailles israéliennes suite aux deux enlèvements, presque coup sur coup, d’un soldat israélien le 26 juin d’abord à Gaza, puis de deux soldats israéliens par le Hezbollah le 12 juillet 2006. Pour beaucoup de Palestiniens, cette dernière opération fut d’ailleurs perçue comme un acte de solidarité à leur égard.

Les effets de miroir entre le Sud-Liban et les Territoires occupés palestiniens ne consistent pas seulement en la coïncidence de leur situation, mais aussi en un jeu d’imitation et d’influence réciproques. En emportant la conviction, déjà présente dans la rue palestinienne et arabe, que la résistance armée était le seul recours viable contre l’occupation israélienne, la libération du Sud-Liban en mai 2000 après vingt-deux ans d’occupation renforça ainsi notablement les positions des mouvements de résistance palestiniens au détriment des partisans d’un dialogue pacifié. Le retrait israélien de la Bande de Gaza débuté mi-août 2005 réaffirma par la suite cette thèse, dans la mesure où celui-ci fut interprété par les factions armées palestiniennes comme étant un résultat direct de la lutte armée.

Selon le politologue palestinien Ghassan Al-Khatib, « la dernière expérience libanaise a fortement renforcé la légitimité de la résistance armée dans le monde arabe au détriment des négociations. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne le paysage politique palestinien déjà influencé par le Hezbollah depuis le retrait israélien du Liban en 2000, dans la mesure où celui-ci accéléra le déclenchement de la deuxième Intifada [19] ». Cette analyse est partagée par Azmi Shoaibi, membre du Conseil législatif palestinien, pour qui « ce qu’a réalisé le Hezbollah au Liban a soumis les partis palestiniens à une vague de critiques et à une forte pression les incitant à reprendre à leur compte la stratégie du Hezbollah [20] ». Le Hamas, voyant monter la cote de popularité du Hezbollah chiite auprès du peuple palestinien et assujetti à une tension concurrentielle, revint ainsi sur le programme politique qu’il avait signé avec les autres formations palestiniennes avant la guerre et qui reconnaissait implicitement l’État d’Israël. Un autre exemple de ce type d’émulation fut l’envoi depuis Jénine en Cisjordanie de missiles artisanaux atteignant pour la première fois l’intérieur de la zone verte ; largement commentée sur la chaîne Al-Jazeera, la simultanéité de cet événement avec la guerre au Liban ne saurait être due au hasard.

Vers la guerre civile ou les contours d’une nouvelle unité nationale au Liban

Le Liban est, de par son histoire politique, somme toute assez différent des autres pays arabes. La complexité des différends interconfessionnels qui l’affectent depuis plus d’un siècle, se manifesta en effet à nouveau lors de cette dernière crise israélo-libanaise. En proie aux fantômes de la guerre civile depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, la société libanaise vit tour à tour se reformer les clans confessionnels antisyriens - le « mouvement du 14 mars [21] », principalement maronite, druze et issu de la bourgeoisie sunnite - et prosyriens - réunis autour de la défense du Hezbollah chiite -, puis proclamer solennellement l’unité libanaise. Autant dire que le déclenchement des attaques israéliennes contre le Liban soumit la société libanaise, encore plongée dans un grand désarroi politique, à un test cruel tant le risque d’une nouvelle guerre civile était alors élevé. Dès les premiers jours du conflit, les Forces du 14 mars critiquèrent le Hezbollah en accusant Hassan Nasrallah de mégalomanie et d’indifférence quant au sort du peuple libanais. Par ailleurs, on reprochait au Hezbollah d’avoir planifié le kidnapping des deux soldats israéliens sans discuter ni avec les autres formations politiques ni avec le gouvernement libanais.

Néanmoins, ces critiques s’apaisèrent au fur et à mesure que les bombardements s’intensifiaient. La stratégie politique de Nasrallah réussit en effet à infléchir l’opinion publique libanaise en sa faveur. Le Parti communiste libanais, le Parti nationaliste social syrien, le mouvement Amal et les organisations palestiniennes soutinrent solidement le Hezbollah. De plus, l’alliance conclue avant la guerre entre Nasrallah et le Courant patriotique libre de Michel Aoun [22] permit efficacement d’absorber les tensions exercées sur le Hezbollah par les Forces du 14 mars. Michel Aoun, représentant une large part de chrétiens historiquement opposés au Hezbollah et aux forces syriennes, pensait effectivement qu’un pacte avec un mouvement populaire aussi profondément ancré dans la communauté musulmane chiite lui permettrait de mieux préparer sa candidature à la succession d’Émile Lahoud à la tête de l’État. Outre le ralliement d’importantes forces politiques du paysage partisan libanais, Nasrallah développa par ailleurs un discours d’unité nationale, en ne cessant d’appeler ses concitoyens à surmonter les divisions internes pour former un front unique. Il les rassura en promettant que le Hezbollah ne tenterait aucune récupération politique : « J’affirme que la victoire sera pour tous les Libanais, de toutes les régions, confessions, courants et institutions officielles et populaires ; une victoire d’abord pour le Liban naturellement, mais aussi une victoire pour tout Arabe, tout musulman, tout chrétien et honnête homme de ce monde qui s’est opposé à cette agression et a défendu le Liban, par la parole ou par l’action ou par le soutien. [...]. Le Liban a besoin d’une volonté nationale qui rassemble, afin que les sacrifices consentis ne soient pas vains. Nous tenons à assurer cette volonté et cette solidarité, nous tenons, à cette étape, à ce que le gouvernement soit puissant afin qu’il assume ses responsabilités nationales en faveur du Liban et de son peuple, nous tenons à collaborer avec le gouvernement et avec tous les courants et forces politiques pour présenter un Liban unifié et cohérent autour de ce qui protège et assure ses intérêts nationaux [23]. » Ces discours, attendus avec impatience et appréhendés comme programme politique, eurent un impact indéniable.

Le sondage réalisé par le Centre proche-oriental « Information internationale » et publié par le quotidien libanais An-Nahar le 8 septembre 2006 indiqua en effet que les dirigeants politiques libanais les mieux jugés pour leurs actions pendant la guerre furent le leader du Hezbollah (79 %), le chef du mouvement chiite libanais Amal, Nabih Berri (71 %), et le général Michel Aoun (68 %). Interrogés sur la question de savoir qui était sorti vainqueur de la guerre de plus d’un mois, 59,2 % des Libanais citèrent le Liban alors que, pour environ 30 % d’entre eux, il n’y avait pas eu de vainqueur [24].

Mêlant habilement le social au militaire, Nasrallah jura enfin, dès le dernier jour de la guerre, qu’il allait fournir des logements meublés à tous les citoyens dont les maisons avaient été démolies. Détaillées, les promesses consistaient en 12 000 dollars en espèces pour le propriétaire d’un appartement détruit, 8 000 pour un locataire, et le financement ou la réalisation des travaux de réfection des logements encore habitables. L’indemnisation commença dès le lendemain du cessez-le-feu, avec la visite par des activistes du Hezbollah des quartiers les plus endommagés par les bombardements israéliens [25].

Le large consensus populaire autour du Hezbollah ne suffit cependant pas à l’immuniser contre les pressions du Bloc du 14 mars qui ne cessait de demander son désarmement et l’enrôlement de ses combattants dans l’armée libanaise. La polémique entre les deux protagonistes s’enflamma sensiblement avec le discours de Nasrallah lors du festival organisé le 22 septembre en présence de quelques centaines de milliers de Libanais à l’issue de la guerre, revendiquant un gouvernement d’union nationale et accusant le gouvernement libanais d’être incapable de défendre le Liban. Le projet présenté par Nasrallah revenait à confier à un nouveau gouvernement qui n’exclurait personne la tâche de créer un État fort, résistant et juste [26]. Légitimant sa pleine participation sur la scène politique libanaise, le leader de la milice chiite ajouta encore que le nombre de ses adhérents avait doublé et que la guerre n’avait fait que renforcer ses combattants [27].

Deux jours seulement après le festival organisé par le Hezbollah, les Forces du 14 mars organisèrent leur propre cérémonie pour commémorer leurs « martyrs » tombés pendant la guerre civile de 1975-1989. Cette commémoration fut l’occasion pour Samir Geagea, le chef des Forces libanaises, parti chrétien antisyrien, d’une réponse en bonne et due forme aux déclarations de Nasrallah : « Certains disent qu’ils veulent un État fort, capable, juste, transparent et propre, alors que leur comportement entrave l’État. Comment un État fort peut-il exister aux côtés d’un mini-État qui se procure des armes sous son nez ? Comment cet État peut-il se faire respecter alors qu’on lui impose sa stratégie et son calendrier ? Ils disent qu’une fois que l’État sera édifié, la question de l’armement du Hezbollah trouvera une solution. Nous disons : lorsque la question de l’armement aura été réglée, il sera possible d’envisager de construire l’État souhaité. Ils disent qu’il serait vain de parier sur le désarmement du Hezbollah par la force. Nous disons qu’il est faux de parier sur le maintien des armes par la force. Ils disent que la résistance a mis le Liban à l’abri de la guerre civile. Nous disons que c’est la vigilance des dirigeants et du peuple qui a protégé le Liban. Ils disent qu’aucune armée ne saurait les désarmer. Nous disons qu’aucun armement ne nous forcera à accepter le fait accompli [28]. »

En dépit de sa condamnation par l’ensemble des formations politiques, l’assassinat du ministre de l’Industrie Pierre Gemayel, le 21 novembre 2006, élargit encore le fossé entre les deux camps et renforça de ce fait les inquiétudes de la rue. Les Forces du 14 mars accusèrent la Syrie : elles virent dans cet assassinat une manoeuvre destinée à faire chuter le gouvernement et à freiner la tenue du tribunal international chargé d’enquêter sur l’assassinat de Rafic Hariri. Damas, pour sa part, condamna « un crime qui vise à déstabiliser le Liban [29] ». Amine Gemayel, ancien président libanais et père du ministre tué, tout en exhortant ses partisans à s’abstenir de tout acte de violence ou de vengeance, accusa l’actuel président Lahoud d’être la « cinquième colonne de la Syrie au Liban » et le général Aoun de couvrir le « jeu syrien ». Il déclara : « La Syrie n’a pas digéré le fait d’avoir dû quitter militairement le Liban. Elle garde une cinquième colonne dans les institutions, j’entends le président de la République, qui n’est autre qu’un représentant des intérêts syriens, et le Hezbollah, qui ne cache pas son alliance avec Damas, sans parler des autres partis prosyriens. Tous ces gens servent les intérêts syriens “avec précision et fidélité”, selon une expression arabe. Mais nous tenons tête [30]. »

Le Hezbollah, quant à lui, estima que l’assassinat de Gemayel visait à pousser le Liban vers le chaos et la guerre civile. Notons que cet assassinat intervint alors que la crise politique que traversait le pays s’était exacerbée par la démission de six ministres, dont cinq chiites du Hezbollah et d’Amal, qui réclamaient la formation d’un gouvernement d’union nationale. Renforçant le poids politique de ces démissions, Michel Aoun appela les Libanais, le 29 novembre, à descendre dans la rue pour faire chuter le cabinet ministériel. Le lendemain, son appel fut suivi par celui, similaire, de Hassan Nasrallah. Cette grande manifestation pacifique devait une nouvelle fois démontrer qu’en dépit des polémiques la popularité du Hezbollah n’avait cessé de croître. Le 1er décembre, des centaines de milliers de Libanais - 800 000 selon les services de police, plus d’un million selon le Hezbollah - se rassemblèrent à Beyrouth devant le siège du gouvernement pour réclamer sa démission [31]. Dans un discours diffusé en direct sur les chaînes de télévision, le Premier ministre Fouad Siniora accusa les partis d’opposition de fomenter un « coup d’État » contre le système démocratique, promettant que son cabinet antisyrien tiendra bon : « Nous ne permettrons pas le coup d’État contre le système démocratique et ses institutions. La seule façon de renverser le gouvernement est de le faire au Parlement, qui lui a accordé sa confiance par vote [32]. »

Conclusion

Un nouveau MoyenOrient islamiste ?

Les changements internationaux et régionaux qui provoquèrent le déclin des mouvements laïques dans le monde arabe laissèrent, on le sait, un vide idéologique dont se sont vite emparés les mouvements islamistes en plein essor depuis le début des années 1980.

Aujourd’hui, personne ne peut nier la force de ces mouvements. Un certain nombre d’entre eux - dont notablement le Hezbollah, le Hamas et les Frères musulmans - ont opté ces dernières années pour la voie démocratique, en se présentant aux élections et en respectant le pluralisme politique qui en découle. En juin 2005, le Hezbollah remporta ainsi 14 des 128 sièges au Parlement ; en Égypte, les Frères musulmans obtinrent des scores inattendus lors des élections législatives - pourtant sous contrôle du pouvoir - de novembre 2005 [33], faisant d’eux le premier groupe d’opposition ; en Jordanie enfin, en juin 2003, le Front islamique d’action, pour sa première participation à de telles élections, remporta 17 des 84 sièges à pourvoir [34] - le Parlement étant composé d’un certain nombre de « sièges réservés ». Indiscutablement, le Hamas est la tête de proue de ce mouvement avec son écrasante victoire aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006.

La récente épreuve de force remportée par le Hezbollah face à Israël ne manquera pas de donner un formidable élan à ce nouveau courant mêlant avec succès islam politique, résistance armée, nationalisme et démocratie. Loin de représenter un triomphe pour l’ensemble des courants islamistes, il est crucial en effet de saisir les débats qui secouent le paysage politique islamique au Moyen-Orient. Le Hezbollah et le Hamas sont aujourd’hui sur le point de damer le pion aux salafistes : alors que ces derniers ont abattu presque toutes leurs cartes dans le chaos irakien, les deux partis islamo-nationalistes ne cessent de gagner en légitimité auprès des sociétés de la région. Loin devant Ben Laden lui-même, Hassan Nasrallah - et dans une moindre mesure Khaled Mechaal - sont devenus des idoles populaires qu’il sera difficile de détrôner. Comme l’affirme l’écrivain libanaise Venus Khoury Ghata, « en éclipsant Ben Laden et Al-Qaida, Nasrallah a fait perdre à Bush son meilleur allié objectif, le meilleur faire-valoir pour sa guerre contre le terrorisme et le “fascisme islamique”, car jamais le chef du Hezbollah n’a présenté sa lutte contre Israël comme un jihad contre les juifs et les chrétiens comme le fait un Ben Laden, son combat s’inscrivant dans une lutte de libération nationale [35] ».

L’apparente unité entre islamistes chiites et sunnites réunis sous la bannière du Hezbollah - sa victoire étant présentée comme un don de Dieu - pourrait cependant bien n’être que conjoncturelle. Il est difficile d’imaginer les mouvements islamistes sunnites accepter qu’un mouvement chiite soit le fer de lance de la progression de l’islam politique. Derrière les discours publics de soutien à la résistance armée du Hezbollah, ces mouvements ressentent en effet une véritable inquiétude face à la « chiisation » de certaines sociétés arabes. Bien qu’il soit encore très limité, ce phénomène est d’ores et déjà perçu comme une menace. En effet, une étude réalisée par le chercheur Mohamed Abu Rumman, le 5 octobre 2006, intitulée « La chiisation politique : un phénomène alimenté par les victoires du Hezbollah », révèle la présence de ce phénomène plus particulièrement en Jordanie et en Syrie. Les craintes des régimes arabes et des mouvements islamistes sunnites vis-à-vis de ce phénomène ne concernent pas que l’aspect religieux, c’est-à-dire les conversions du sunnisme au chiisme, mais plutôt le chiisme politique et l’ingérence iranienne croissante dans la région.

L’avenir du processus de paix israélo-arabe

Cette guerre s’inscrit dans un ensemble de récents événements qui ont bouleversé la région : la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes, le retrait syrien du Liban et l’incapacité de l’administration américaine à faire appliquer la totalité de la résolution 1559. À ceci, ajoutons le rôle important joué aujourd’hui par l’Iran sur l’échiquier politique de la région en se confrontant aux États-Unis et à l’Union européenne concernant son dossier nucléaire. Le projet américain de « nouveau Moyen-Orient » voulant refaire la carte de la région est parvenu à séparer un temps le Liban de la Syrie et tente de freiner le développement de la puissance militaire de l’Iran. La guerre contre le Liban a donné une nouvelle image à la région en attirant l’attention sur la force militaire du Hezbollah. Désormais, il est un paramètre incontournable dans les équations politiques de la région. L’échec d’Israël réconforte les positions respectives de l’Iran et de la Syrie dans leur confrontation avec les États-Unis et la communauté internationale. En cas de retour aux négociations - qu’elles soient israélo-palestiniennes, israélo-libanaises ou israélo-syriennes -, il sera désormais difficile de minimiser le rôle de la Syrie et de l’Iran dans la région. Les crispations israélienne et occidentale vis-à-vis de ces deux « rogue States » laissent néanmoins présager d’une radicalisation des conflits dans la région.


[1Le Hezbollah est un parti chiite libanais qualifié d’organisation terroriste par les États-Unis. Créé en 1982, suite à l’invasion israélienne du Liban, la rhétorique politique du Hezbollah est centrée sur la destruction de l’État d’Israël. Sa définition de l’occupation israélienne comprend donc l’idée que la totalité de la Palestine est une terre musulmane occupée. Le parti souligne aujourd’hui que sa vision islamique ne devrait pas être interprétée comme une intention d’imposer une société islamique aux Libanais. Voir « Who are Hezbollah ? », BBC News, 4 avril 2002.

[2Dossier spécial sur les positions des États arabes sur la guerre au Liban, Al-Jazeera, Le 24 août 2006. http://www.aljazeera.net/NR/exeres/009F265E-8D0D-4331-9E36 E04DE3-CC0EDE.htm

[3Important mufti d’Égypte.

[4« Al-Zawahiri essaye de freiner le Hezbollah », Le Moyen-Orient, 28 juillet 2006.

[5Les bombardements de l’aviation israélienne sur le village de Cana le 30 juillet 2006 ont provoqué la mort de 62 civils dont 37 enfants. Il s’agit là du deuxième massacre subi par ce village car, le 18 avril 1996, 105 civils libanais avaient déjà été tués à Cana par un bombardement israélien.

[6La principale différence étant que les 15 000 soldats de l’armée libanaise doivent avoir un rôle plus central et être encadrés par la FINUL renforcée dans ses effectifs (de 2 000 à 15 000 soldats).

[7Synonyme pour désigner Hassan Nasrallah, titre chiite qui veut dire « descendant du Prophète ».

[8« Manifestations pour le Hezbollah dans les rues arabes », dépêche Reuters, 22 juillet 2006.

[9« Mobilisation internationale contre la guerre au Liban », Le Monde, 7 août 2006.

[10« Sayyed Nasrallah jouit de la plus grande popularité en Égypte », Al-Qods al-Arabi, 19 août, 2006.

[11On pourrait même ajouter Hugo Chavez : son interview sur Al-Jazeera rediffusée plusieurs fois a fait de lui un héros populaire dans le monde arabe d’autant plus qu’il a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv en signe de protestation contre la présence de l’armée israélienne au Liban.

[12Mounif Achmar a installé un grand bureau de soutien à la « résistance » et à son chef. Selon lui, son bureau a imprimé plus de 50 000 affiches figurant Assad et Nasrallah ensemble et 60 000 qui montrent Nasrallah seul.

[13Article de Al-Hayat, Londres, traduction « Et même dans les discothèques », Courrier international, n° 825, 17-24 août 2006.

[14ibid.

[15« Prêts à sacrifier leur vie pour lui », Courrier international, op. cit.

[16Les Fermes de Chebaa forment une région de 25 km2 comprenant 14 fermes situées au sud de Chebaa, un village se trouvant sur les pentes ouest du mont Hermon, à proximité du triple point de frontière entre la Syrie, le Liban et Israël. Le Hezbollah et le gouvernement libanais considèrent que les Fermes de Chebaa font partie intégrante du Liban, alors qu’Israël les considère comme une partie du plateau du Golan. La Syrie, quant à elle, les considère comme une partie du Liban. Israël a pris le contrôle de cette région lors de la guerre israélo-arabe de 1967 et affirme que ce territoire n’est pas couvert par la résolution 425 du Conseil de sécurité qui exige son retrait du Sud-Liban. Le Hezbollah déclare qu’il est prêt à désarmer son parti si Israël se retire de ces fermes.

[17« L’explosion de violence contre Lionel Jospin sur le campus de Bir Zeit traduit l’extrême tension provoquée par les retardements répétés du processus de paix et de la création d’un État palestinien », L’Humanité, 28 février 2000.

[18« Rice to Abbas : it’s time for a new Middle East », Jerusalem Post, 25 juillet 2006.

[19« Le résultat de l’agression israélienne sur le Liban va renforcer la conviction armée chez les formations palestiniennes », Al-Riad, 18 août 2006.

[20ibid.

[21Une manifestation géante qui donnera naissance aux Forces du 14 mars, après l’assassinat le 14 février 2005 du Premier ministre Rafik Hariri. Il comprend les Forces libanaises de Samir Geagea, le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, Al-Kataëb (Les Phalanges), le Mouvement de la gauche démocratique et le Courant du futur de Saad Hariri.

[22Le général chrétien Michel Aoun, avec qui il a signé un document d’entente, en février 2006. L’ancien opposant antisyrien, rentré au Liban en mai 2005 après quinze ans d’exil en France, dirige le plus important bloc parlementaire chrétien (22 députés sur 128).

[23Discours du chef du Hezbollah à la chaîne Al-Manar, 29 juillet 2006.

[24Le sondage a été réalisé du 22 au 27 août 2006. La guerre au Liban a pris fin le 14 août. Réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 800 personnes de diverses confessions religieuses, il a révélé que 57 % des Libanais approuvent l’enlèvement par des combattants du Hezbollah, le 12 juillet, de deux soldats israéliens, qui avait servi de prétexte pour l’agression d’Israël contre le Liban. Cette action est soutenue non seulement par 94 % des musulmans chiites, mais aussi par les sunnites et les chrétiens libanais : en moyenne 47,5 % « pour » et 40,7 % « contre ». Dans la petite communauté des Druzes, 78 % des personnes interrogées n’approuvent pas l’enlèvement des militaires israéliens.

[25« Le Parti de Dieu improvise l’aide sociale dans la banlieue de Beyrouth », Le Monde, 19 août 2006.

[26« Hassan Nasrallah réapparaît à Beyrouth pour célébrer la “victoire” du Hezbollah », Le Monde, 23 septembre 2006.

[27ibid.

[28« Pour le chef chrétien Samir Geagea, le Hezbollah entrave l’État », Le Monde, 25 septembre 2006.

[29« L’assassinat de Pierre Gemayel attise les divisions entre Libanais », Le Monde, 22 novembre 2006.

[30« Amine Gemayel : “Assad veut plonger le Liban dans le chaos” », Le Figaro, 23 novembre 2006.

[31« Démonstration de force des prosyriens à Beyrouth », Le Monde, 1er décembre 2006.

[32« Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, accuse le Hezbollah et ses alliés de fomenter un coup d’État », Le Monde, 1er décembre 2006.

[33« Au choix : Moubarak ou l’enfer islamiste », As-Safir, traduit dans l’édition du 24 novembre 2005 de Courrier international, n° 786.

[34« Le vote tribal fait reculer les partis politiques », Al-Hayat, traduit dans l’édition du 26 juin 2003 de Courrier international, n° 660.

[35« Nasrallah, plus fort que Bush, Olmert et... Ben Laden », Le Figaro, 10 août 2006.


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