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Henri TINCQ (dir.), Larousse des reli-gions, Larousse, Paris, 2005, 370 pages.

Cet ouvrage de grand format et de grand intérêt est aussi un très beau livre. Il veut « traiter du fait religieux comme d’une dis-cipline à part entière de la vie politique, sociale et culturelle, répondre à la demande citoyenne de culture religieuse [...]. Cet effort s’inscrit dans une perspective laïque, c’est-à-dire de reconnaissance du pluralisme religieux et non d’exclusion ». À noter que ce livre est pour une grande part l’œuvre de journalistes, qui ont su traiter de questions austères de façon attrayante. Un glossaire se trouve utilement à la fin de chacune des parties.

L’ouvrage se divise en trois grandes parties : « Les religions, le judaïsme, le chris-tianisme et l’islam » (soit les deux tiers du livre) ; « Les traditions orientales : l’hin-douisme et le bouddhisme » et « Animisme, syncrétisme, sectarisme ». L’étude de cha-cune des grandes religions se déroule selon six « critères » : « L’histoire, celle des textes originels, des fondateurs, de l’expansion des grands systèmes religieux ; les dogmes et les doctrines, c’est-à-dire le « corpus doc-trinal » et les articles de foi qui caractérisent chacune des grandes confessions ; les insti-tutions, chaque religion obéit à des systèmes d’autorité particuliers, à des principes d’organisation et de discipline... ; l’implan-tation géographique : la « carte » des croyances dans le monde connaît des évolu-tions spectaculaires ; la vision de l’homme et du monde. »

Pour commencer l’étude des religions monothéistes, les quarante pages consa-crées au judaïsme (par Salomon Malka, biographe d’Emmanuel Levinas) sont parti-culièrement utiles, notamment pour ce qui est des dogmes et des doctrines, car cette religion est fort méconnue dans le monde chrétien, où somme toute l’islam est moins ignoré, sans doute parce qu’il compte plus d’un milliard de fidèles avec lesquels les rapports sont encore plus ou moins conflic-tuels. Il n’y a que 13 à 14 millions de juifs dans le monde, dont près de la moitié en Israël et l’autre en Amérique. Mais leur rôle, dans de multiples domaines, est consi-dérable, tant dans le domaine scientifique et artistique que dans le monde financier. La question du sionisme est évidemment traitée, y compris dans ses contradictions actuelles. Le glossaire, pour terminer, est particuliè-rement utile.

Une grande partie du livre (150 pages) est consacrée au christianisme, le nombre des différentes sortes de chrétiens dépassant les deux milliards d’hommes et de femmes. Henri Tincq (journaliste au Monde et direc-teur éditorial du Monde des religions) traite en quelque cinquante pages des débuts du christianisme et surtout de l’orthodoxie. Il y aurait quelque 160 millions de chrétiens orthodoxes. Relativement mieux connu en France que les autres religions, le catholi-cisme, avec plus d’un milliard de fidèles, n’a droit qu’à une cinquantaine de pages que traite Dominique Chivot (ancien cor-respondant du journal La Croix à Rome, puis directeur de la chaîne de télévision catholique KTO). Mais, avec 500 millions de fidèles (dont 70 millions aux États-Unis), le protestantisme (que traite Jean Mercier) a droit à une quarantaine de pages. Celles-ci tiennent compte de l’extrême diversité des protestantismes et de ce phéno-mène étonnant qu’est l’expansion mondiale des Églises évangéliques à partir des États-Unis.

Avec pourtant plus d’un milliard de fidèles, l’islam, que traite Rachid Benzine (chercheur en études coraniques à l’univer-sité de Lyon-II), a droit à moins d’une cin-quantaine de pages, au demeurant assez classiques. Il est fâcheux que dans le chapitre intitulé « L’islam au défi de la modernité », les mouvements que l’on appelle désormais islamistes ne fassent l’objet que d’une dizaine de lignes très vagues et qu’il n’en soit plus question dans le paragraphes inti-tulés « Un islam populiste » et « La pensée subversive dans l’islam d’aujourd’hui ». Le mot « islamiste » ne figure même pas dans le glossaire.

La deuxième partie du livre, soit une cen-taine de pages, consacrée à ce que les auteurs appellent « Traditions orientales », en l’oc-currence « Hindouisme » (par Henri Tincq) et « Bouddhisme » (par Éric Rommeluère, vice-président de l’Université bouddhique européenne), est fort utile, en raison de la très grande ignorance de ces religions, encore que le bouddhisme se développe en Europe. On notera que la Chine, qui à la différence de l’Inde ne relève pas d’une grande religion, n’est pas totalement passée sous silence, puisque deux pages sont attribuées au confucianisme qui n’est pas une religion, mais une morale, « un art de vivre », dit Henri Tincq.

Yves Lacoste

Jean-Christophe VICTOR, Virginie RAISSON et Frank TÉTART, Le Dessous des cartes : atlas géopolitique, coédition ARTE Éditions/Tallandier, Paris, 2005, 264 pages.

À l’occasion des quinze ans de l’émis-sion Le Dessous des cartes, Jean-Christophe Victor, Virginie Raisson et Frank Tétart proposent, dans un atlas géopolitique, une intéressante grille de lecture du monde. Conçu sur le même principe que l’émission, cet ouvrage utilise la démarche géopolitique pour décrypter et analyser des enjeux inter-nationaux, des situations conflictuelles et quelques tendances du monde contempo-rain. 360 cartes affichant les reliefs illus-trent un texte qui permet le passage de l’une à l’autre mais surtout de comprendre, de réfléchir et de raisonner sur des situations géopolitiques issues d’un monde de plus en plus complexe depuis la fin de la guerre froide.

La première partie de l’atlas utilise une approche continentale à travers plusieurs itinéraires géopolitiques qui traitent de sujets très divers : « L’élargissement de l’Union européenne, un projet géographique, économique ou politique ? » ; « Brésil, nouvelle puissance du Sud » ; « Égypte, le pays aux quatre rentes » ; « Lhassa, l’identité confisquée » ; « Burkina-Faso, qu’est-ce qu’un pays pauvre ? », etc. On retrouve la démarche efficace transdisciplinaire adoptée dans l’émission où la géographie et l’histoire occupent une place très importante. En effet, tout événement est influencé par le lieu où il se déroule et par son passé, mais il faut, pour pouvoir bien l’appréhender, tenir compte d’autres facteurs, qu’ils soient d’ordre politique, économique, social ou autre. L’accent est mis également sur une vision dynamique des cartes. Si les cartes sont réputées être muettes, cet atlas montre l’importance de la comparaison, de la super-position ou de l’analyse multiscalaire. Le changement d’échelle montre par exemple que l’île de Diego Garcia n’est pas un simple atoll perdu dans l’océan Indien mais un élément majeur du dispositif stratégique américain.

La seconde partie propose une analyse transversale du « monde qui vient », autour du concept de la guerre et des enjeux de l’environnement, de l’économie et de la santé. Les auteurs ont choisi deux clés d’entrée pour analyser notre futur : les « logiques de guerre » et la question du développement qu’ils considèrent « peu durable ». Ce regard sur l’avenir du monde, qui pourrait apparaître à première vue plutôt pessimiste, démontre le souci de souligner des risques majeurs géopolitiques, telle la question de la prolifération nucléaire ou de la sécurité alimentaire. Une intéressante typologie des conflits illustrée par quatre guerres non résolues - « Tchétchénie, pourquoi la guerre ? » ; « Colombie, une violence endé-mique » ; « Côte-d’Ivoire, vers l’instabilité ? » ; « Afghanistan, retour vers la paix ? » - et une réflexion sur le terrorisme sont présentées. Il faut souligner par ailleurs la pertinence de la démarche utilisée pour traiter de sujets tels que les barrages turcs ou le golfe de Guinée ; celle-ci rend compte de l’importance des rivalités de pouvoir et/ou du poids des intérêts contradictoires.

Cet atlas ne se veut pas exhaustif mais a été construit à partir d’une sélection des sujets traités lors des émissions télévisées. Il présente l’avantage de répondre aux interrogations que se pose le grand public sur des questions importantes mais peu connues. Bien que le format et les couleurs chatoyantes de ces cartes soient très agréables à regarder, on peut toutefois regretter que les légendes, sans doute exposées oralement lors d’émissions, soient parfois incomplètes. En revanche, une intéressante bibliographie et un index fort utile sont présentés en fin d’ouvrage. On retrouve également un souci de clarté et de concision, et les mêmes quali-tés pédagogiques du programme télévisé dont l’exceptionnelle longévité est remar-quable. En effet, depuis quinze ans, Le Des-sous des cartes, en n’utilisant que des cartes pour visuel, a réussi le pari d’expliquer en onze minutes à plus de 900 000 spectateurs des situations géopolitiques complexes. Dans un monde télévisé qui ne s’oriente de plus en plus que vers des émissions de téléréalité, il faut louer l’utilité sociale et la démarche citoyenne de ce type de programme.

Sonia Jedidi


L’institut Français de Géopolitique offre des formations de master intenses, exigeantes et passionnantes !

Hérodote est historiquement liée à la formation en géopolitique (master et doctorat) de l’Université Paris 8 — Vincennes - Saint-Denis, l’Institut Français de Géopolitique (IFG) où ont enseigné son fondateur Yves Lacoste, sa directrice Béatrice Giblin (également fondatrice de l’IFG), et une partie importante de l’équipe de la revue.

La première année est consacrée à la formation à et par la recherche, qui est au cœur du projet intellectuel et citoyen de l’École France de Géopolitique. Les étudiants et les étudiantes doivent écrire un mémoire de recherche d’une centaine de page appuyé sur une enquête de terrain d’un mois en autonomie. Un accompagnement fort leur est proposé pour favoriser leur réussite durant cette année si différente de leurs expériences précédentes.

En seconde année, quatre spécialisations professionnalisantes sont possibles : géopolitique locale et gouvernance territoriale, géopolitique du cyberespace, nouveaux territoires de la compétition stratégique, analyse des risques géopolitiques et environnementaux. Toutes ces spécialisations sont ouvertes à l’alternance, et la majorité des étudiants et des étudiantes a désormais un contrat d’apprentissage. Celles et ceux qui souhaitent faire une seconde année de recherche le peuvent, notamment en préparation d’un projet de doctorat.

Avec 85 places en première année, le master de l’IFG offre aussi une véritable vie collective de promo, animée notamment par une association étudiante dynamique. Les étudiantes et étudiants viennent de nombreuses formations et disciplines, notamment : géographie, d’histoire, de droit, de sociologie, de science-politique, Économie et gestion, langues (LLCE/LEA) ou de classes préparatoires.

Les candidatures en première année de master se font exclusivement via la plateforme nationale monmaster.gouv.fr du 26 février au 24 mars 2024. Toutes les informations utiles se trouvent sur le site www.geopolitique.net. En deuxième année, les candidatures doivent passer par le site de l’Université. L’IFG n’offre pas de formation au niveau licence.

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