Forces armées et politique : une longue passion russe

par Cyrille Gloaguen

La présence massive de militaires dans les rouages du pouvoir russe trouve son origine dans les traditions soviétiques. La disparition de l’URSS bouleverse cependant la donne : de simples représentants de leur corps social, les militaires deviennent acteurs de la vie politique russe, mais à titre individuel et en occupant l’ensemble du prisme politique. Avec V. Poutine, ils semblent s’être définitivement emparés des centres de décision. Cette vision est cependant trompeuse : loin d’avoir pris le pouvoir en tant qu’institution, les militaires que l’on trouve dans l’entourage de Poutine sont des proches du président, pour la plupart originaires, comme les civils, de Saint-Pétersbourg ou ayant jadis travaillé avec lui au KGB. Les Siloviki ne sont rien d’autre qu’un outil au service de la politique du président russe.

Abstract : Armed Forces and Politics : a Russian Passion

The substantial presence of the military in the intricate machinery of Russian government is a legacy from the Soviet era. Yet, the USSR is bygone and cards have been reshuffled. Once mere representatives of their social corps, the military is now a full-fledge actor on the Russian political scene, but individually so on the whole political spectrum. With V. Putin, they may well have taken control over the main political centres. This view may yet be fallacious : far from taking over power as a constitued body, the military close to Putin are his near-relations, most being - just as the civilians - kins from Saint-Peterburg or former KGB brothers-in-arms. The "siloviki" are a mere tool servicing Russian presidential politics.

Article complet

Les relations qu’entretient la société russe avec ses forces armées sont pour le moins ambiguës. Alors que les généraux, retraités et d’active, sont aujourd’hui visibles dans tous les rouages politiques de la Fédération, du centre aux régions, qu’ils sont, comme sous l’URSS, redevenus acteurs de l’éducation nationale au travers de la formation militaire enseignée dans les lycées, alors que l’armée est l’un, si ce n’est le principal pilier sur lequel repose la politique étrangère du pays, force est pourtant de constater que, dans le même temps, les maux qui rongent les multiples structures de force [1] nationales (voir annexe à cet article) - violence, corruption, conservatisme - ne cessent d’étendre leurs métastases à l’ensemble de la société. La Russie a, depuis de nombreuses années, tout en plébiscitant au sommet les généraux, divorcé de ses forces armées en tant qu’institution. Si échapper au service national a donné lieu à la mise en place de véritables institutions souterraines dont l’activité se ressent jusque dans les chiffres de la criminalité, de l’éducation et de la santé, la raison principale de ce divorce est surtout la violence inouïe qui provoque chaque année dans les unités militaires la mort de milliers de jeunes soldats [2], sans même parler des morts de la guerre de Tchétchénie, cette guerre sans fin qui pourrit de l’intérieur la jeune démocratie russe.

L’origine de cette violence et de ces morts est aussi ancienne que l’armée russe elle-même. Les principales raisons sont l’absence d’un véritable corps de sous-officiers qui placent les plus jeunes recrues entre les mains des plus anciennes, la médiocrité des règles de sûreté lors de l’utilisation d’armes, la sévérité des conditions de vie dans les cantonnements qui poussent de nombreux jeunes soldats au suicide, le mépris, il faut bien le souligner, le plus total des officiers pour la vie humaine et, au-delà, la déficience de la justice militaire. Officiellement, les suicides représentaient, en 2002, 27 % des morts de militaires, le non respect des règles de sûreté avec arme et les accident de la route 13 % chacun [3]. En 2003, le ministre de la Défense attribue 35 % des morts à des suicides, 23 % aux manquements aux règles de sûreté et 10 % aux règles de conduite de véhicules [4]. Ces chiffres sont cependant sujets à caution. Pour l’organisation de mères de soldats « Droits de la mère », l’une des sept que compte aujourd’hui la Russie, les cas de suicides seraient d’environ 400 par an, mais, nuance son porte-parole, « sur les 2 000 à 3 000 morts » que l’organisation a à investiguer chaque année, « environ 20 % sont officiellement décrits comme suicide [5] » (400 à 600). Morts et violence trouvent également leurs causes dans l’origine sociale des conscrits. Selon une source du ministère russe de la Défense, 9 % d’entre eux avaient un casier judiciaire avant d’endosser l’uniforme, 4 % avaient fait de la prison, 5 % et 11 % consommaient régulièrement, respectivement, de la drogue et de l’alcool, 3 % étaient sans domicile fixe et 3 % encore avaient effectué des tentatives de suicide ou avaient un parent dans ce cas [6].

La Russie militaire vit au-dessus de ses moyens financiers. Elle continue aujourd’hui encore à entretenir des dizaines de ministères et de services représentant au bas mot trois millions d’hommes et alors même que ses budgets militaires sont à peine équivalents à ceux de la France. En conséquence, les conditions de vie des militaires de la base demeurent dramatiques. Les réformes - ou du moins ce qui en tient lieu, c’est-à-dire les déflations de personnel - continuent à jeter chaque année dans la précarité des dizaines de milliers de militaires et leurs familles. Ainsi, au cours de la dernière grande réforme, celle de 1997, qui vit la fusion des forces aériennes et de l’aviation de la défense anti-aérienne (PVO), ce ne sont pas moins de 580 unités qui ont été dissoutes : 5 quartiers généraux d’armée et de corps d’armée, 12 divisions et 70 régiments/brigades ; 32 terrains d’aviation ont été abandonnés, plusieurs dizaines de centres d’entraînement et 310 garnisons rendues aux autorités locales [Dick, 1998]. En dix ans le seul ministère de la Défense aura perdu 2,4 millions d’hommes, auxquels il convient d’ajouter les centaines de milliers d’autres issus des autres services et ministères de forces et de la base industrielle et technologique de défense. En juillet 2002, 46 % des familles du personnel du ministère de la Défense, 53 % du personnel du ministère de l’Intérieur et 57 % du Service fédéral des gardes-frontières continuaient à vivre en dessous du seuil de pauvreté [cité par Felgenhauer, 2002], tandis que près de 400 000 soldats et membres de leurs familles devaient se contenter en guise d’abri d’une tente ou de dortoirs communs [7]. Selon une loi de 2000, 3 % des logements construits en Russie sont pourtant censés devoir être remis au ministère de la Défense [8]. Pour être justes, cependant, les militaires ne sont pas plus que les civils touchés par la pauvreté. Les Russes, en général, sont ainsi aujourd’hui 40 millions à vivre dans des immeubles en très mauvais état : « 11,4 % des habitations ont besoin d’être totalement refaites, et 9 % d’être entièrement reconstruites. De plus, 11,4 % du parc de logements à plus de 40 ans et 56 % sont en bois », affirme un rapport officiel [9]. 45 à 53 millions, selon les sources, ont des revenus inférieurs au minimum vital [10]. Les forces armées sont donc bien à l’image de la société russe tout entière, divisée en une caste aisée, très conservatrice par intérêt personnel, et une base largement paupérisée qui se débat toujours, treize ans après la disparition de l’URSS, dans les affres de l’après-soviétisme.

Militaires et politique, les habitus sovietiques

La société soviétique était par essence une société militarisée, au sens d’organiser dans un but de contrôle social et de production économique selon un mode universel typique des forces armées. Cette organisation sociale trouve bien entendu son origine dans l’histoire de l’URSS. Le parti bolchevique de Lénine est un parti de révolutionnaires professionnels, tendu tout entier vers la prise du pouvoir et soumis à une discipline militaire. Après 1917, l’« esprit du Parti » - partiïnost’- qui se met peu à peu en place, exige de l’individu abnégation absolue et effacement devant les intérêts communs, comme le soldat face aux ordres de son supérieur. Les unités de base du Parti, les cellules (au moins trois communistes), sont implantées partout, dans les usines, les fermes, les écoles, l’armée, on travaille en « brigades » en « équipes de choc », etc. La langue politique rend compte elle aussi de cette « militarisation » : « front pionnier », « plans », « discipline du travail », « mobilisation des réserves », tandis que le monde du travail calque ses décorations sur celles du monde militaire. Immense armée de conscription, l’armée soviétique était aussi la principale instance de socialisation - c’est-à-dire de « soviétisation » - de l’immense empire, le creuset où se fondaient les différentes franges de la population (70 % des jeunes soviétiques effectuait un service militaire dans les années 1980 contre à peine 10 % aujourd’hui), les multiples ethnies de l’Union et où, pour beaucoup, le russe devenait pour la première fois de leur vie une langue de communication. L’endroit, aussi, où l’idéologie communiste renforçait sa prégnance sur la société via les leçons des officiers politiques [11]. Avant de faire son service militaire ou d’intégrer une des 140 prestigieuses écoles d’officiers, le jeune soviétique passait par toute une série d’organisations comme la DOSAAF et les Komsomol (Union des jeunesses communistes), par exemple, dont les structures étaient elles-mêmes calquées sur celles de l’armée. Le Komsomol, à vocation essentiellement politique, jouait également un rôle important dans la défense nationale en participant à la formation militaire des jeunes lycéens, garçons et filles. Jumelé avec de nombreuses unités militaires, acteur incontournable de toutes les activités patriotiques, il fournissait à la fin des années 1970 près d’un tiers des membres de la DOSAAF et 20 % des officiers (dont 70 % étaient membres du Parti communiste) et 80 % des sous-officiers et soldats appelés. La DOSAAF, organisation « bénévole » de coopération avec les forces armées, dont les cadres étaient tous des militaires à la retraite ou en activité, formait techniquement les jeunes gens avant leur service militaire. Aujourd’hui, devenue ROSTO (Organisation technique et sportive de la Défense [12]), elle joue toujours un rôle important dans l’acculturation des jeunes gens à la vie sous l’uniforme. Son influence est de nouveau forte dans les lycées, depuis que Poutine y a réintroduit l’éducation militaire obligatoire, et dans les missions de défense nationale que lui permettent d’effectuer ses équipements et matériels, souvent prélevés sur les vieux stocks des forces armées. À côté du ROSTO on trouve encore de très nombreuses autres associations para-militaires comme Brigantine ou Vostok, l’Union des sous-mariniers [13] qui préparent les lycéens au service militaire dans la marine, Ekipazh, Podrostrok ou Kaskad qui prodiguent aux lycéens et aux jeunes gens un entraînement militaire plus classique. Même si l’influence de ces organisations ne doit pas être surestimée ou comparée avec celle du Komosomol et de la DOSAAF soviétiques, elle n’en est, donc, pas moins une réalité de la société russe actuelle.

Pourtant la vraie influence des militaires est à chercher ailleurs. Comme hier en URSS, ceux-ci, tout comme les membres des structures de force (les « siloviki [14] »), en général, font toujours naturellement partie du paysage politique de la Fédération. Naturellement, c’est-à-dire que comme tout citoyen russe, ils se réservent le droit de participer à la vie politique des partis et de briguer des mandats électoraux. Plusieurs facteurs sont ici en cause. On notera, tout d’abord, que sous l’URSS leur statut ne les a jamais écartés du Congrès des députés du peuple où ils siégeaient, nombreux, au même titre que les autres classes sociales soviétiques. Ils étaient également représentés dans le saint des saints soviétiques, le Politburo, dont était membre titulaire, selon une tradition établie au début des années 1970, le ministre de la Défense - toujours un militaire, faut-il le préciser. Cette tradition sera perdue sous Gorbatchev qui à son arrivée au pouvoir fera du nouveau ministre, le général Sokolov, un simple suppléant. Au début des années 1980, les forces armées ont aussi des représentants dans les deux collèges du Comité central [15], dont ils constituaient environ 8 % des membres, et dans le Parti communiste d’Union soviétique (PCUS), où, à la même époque, les officiers et les sous-officiers constituaient près de 20 % des effectifs (90 % des officiers et 20 % des sous-officiers possédaient la carte du parti). L’institution militaire, surtout le corps des officiers, était donc extrêmement politisée.

Autre facteur, celui de l’entrée des militaires en politique au début des années 1990, invités par les deux poids lourds politique de l’époque, Gorbatchev et Eltsine, à venir jouer les arbitres dans le bras de fer qui les opposait. Le premier va choisir les généraux Chapochnikov et Routskoï, Gorbatchev Lobov. Eltsine, plus tard, récompensera les siloviki de leur aide pendant les événements de septembre et d’octobre 1993 en propulsant des généraux un peu partout dans l’appareil d’État. Pour autant leur influence n’est plus contrebalancée comme sous l’URSS par le KGB et le Parti mais par la seule personnalité du président. Celui-ci en est conscient et n’aura de cesse, parallèlement, de multiplier les « structures de forces » pour les affaiblir. Il veillera surtout à maintenir armée de terre et troupes du ministère de l’Intérieur [16] (MVD) à un même niveau de force et chargera les services successeurs du KGB (FSK, FSB) [voir tableau en annexe] de surveiller l’ensemble. Eltsine ne cessera jamais de les regarder avec méfiance. Conséquence de la disparition de l’URSS en 1991, les militaires vont également se trouver happés dans le processus de création des partis politiques. Cinq d’entre eux, plus particulièrement, vont faire parler d’eux, les généraux Gromov, Routskoï et Lebed, tout auréolés de leur campagne afghane, le général Rokhlin et le capitaine Jirinovskiy (KGB). Leur destin aurait pu être national. En Tchétchénie, au même moment, un autre général, d’aviation celui-là, Djokhar Doudaiev, s’empare du pouvoir. Parallèlement, d’autres siloviki se créent des empires financiers et industriels : Banque nationale de réserve (NRB), très présente dans l’aéronautique (Aeroflot et Iliouchine), holding Interros (contrôle 3 à 4 % du PIB en 2003), groupe Alfa, Wim-Bill-Dan la principale entreprise agroalimentaire russe, etc. Ils investissent également le monde universitaire et les instituts de recherche privés. Parmi ceux-ci, les membres de l’ancien KGB sont les plus nombreux. Non pas à la suite d’un quelconque complot ou de machinations aussi diaboliques que fantasmatiques, mais tout simplement parce que ces hommes faisaient partie des rares personnes autorisées par le pouvoir soviétique à étudier le monde occidental sous toutes ses coutures (structures économiques, recherches, courants politiques, langues, etc.) et à y voyager. Au moment de l’entrée de la Russie dans le monde des économies de marché en 1991, les membres des anciens services spéciaux se sont tout naturellement révélés être les plus aptes à faire face aux bouleversements. Loin d’être une simple officine de barbouzes ou une police politique, le KGB, dans sa version dernière toutefois, celle des années 1970-1980, tenait à la fois de nos INALCO, Sciences Po, DGSE, DST, etc. et accueillait dans ses écoles les sujets les plus brillants des universités soviétiques [17] .

Un vote militaire couvrant tout le prisme politique

Lorsque Poutine, l’ex-lieutenant colonel du KGB, arrive au pouvoir à la fin 1999, les militaires sont déjà présents un peu partout dans les centres de décision du pays. En politique toutefois, et à la différence de l’époque soviétique, ils sont devenus des acteurs actifs et ne sont plus de simples « représentants » de leur corporation. Pour autant il est faux de parler d’une « militarisation » de la Russie au sens où les forces armées seraient devenues l’acteur principal dans le processus de décision politique national. Poutine, après tout, est arrivé au pouvoir par les urnes. En attirant l’attention des médias, certains petits mouvements ultranationalistes bruyants comme le groupe Soyouz, par exemple, des fameux « colonels noirs » Alknis et Petrouchenko, ont au début des années 1990 fortement contribué à propager à l’étranger l’image d’une armée russe réactionnaire, votant comme un seul homme pour les idées les plus extrémistes. Plus tard, les votes militaires massifs en faveur de Jirinovskiy aux législatives de 1993 (34 % [18]), et de Poutine aux présidentielles de 2000 (80 %), n’ont fait que renforcer encore cette image. Pourtant, les militaires, loin de constituer un groupe de pression homogène, se répartissent sur l’ensemble du prisme politique russe, selon leur âge, leur niveau d’étude, leur grade, leur armée d’appartenance. On ne peut réellement les associer à un parti politique donné, même si, d’évidence, ils ne se bousculent pas sur les listes des partis libéraux, Union des forces de droite (SPS), Iabloko et Russie libre. Igor Iouchenkov, le leader du parti Russie libérale, défenseur estimé des droits de l’homme, et ancien officier du KGB, assassiné en avril 2003, est largement demeuré une exception. On trouvera donc plutôt les siloviki dans les partis nationalistes (LDPR, Rodina), dans les mouvements issus des différents courants du PC et, bien entendu, dans le parti du pouvoir, Russie unie. On notera également que les rares partis politiques à avoir été fondés par des officiers, comme le Mouvement pour le soutien de l’armée et l’industrie de défense du général Rokhlin ou le Renouveau cosaque, par exemple, n’ont jamais servi de tremplin à la préparation d’un 18 Brumaire russe, mais ont adopté une orientation nationaliste somme toute banale dans la Russie de l’après-soviétisme. De même, le 2 octobre 1994, à l’occasion du premier anniversaire des événements sanglants du 4 octobre 1993 (voir tableau ci-après), ce n’est pas l’armée en tant qu’institution qui défile derrière le général Routskoï, mais ce que la presse qualifie de « forces patriotiques », un amalgame hétéroclite de Cosaques, de « cent-noirs » (tsaristes), de communistes de toutes obédiences, de nationalistes et de « petits épargnants floués et badauds » [Jego, 1994]. Les siloviki, par leur vote et leurs orientations politiques, ne différent donc pas du citoyen russe moyen.

La crise d’octobre 1993
La crise institutionnelle grave qui a eu lieu à Moscou du 21 septembre au 4 octobre 1993 trouve sa source dans le conflit opposant B. Eltsine, président de la Fédération russe, au Parlement, hérité de l’époque soviétique et dominé par R. Khasboulatov. Le 21 septembre, face à l’obstruction systématique aux politiques du président pratiquée par ce dernier, son vice président, le général d’aviation Alexandre Routskoï, et une majorité du Parlement, Eltsine dissout le Parlement qui réplique en le destituant. Les événements prennent bientôt un tour insurrectionnel quand les partisans du Parlement, sous les ordres de Routskoï qui s’est auto proclamé président de la Fédération, débordent les forces de sécurité. Cette explosion de violence va donner à Eltsine une raison d’utiliser la force. Le 4 octobre, près avoir longtemps hésité quant à la suite à donner aux ordres du président [Taylor et Brian, 1994], l’état-major militaire et le ministre de la Défense, le général P. Gratchev autorisent l’armée à s’emparer du Parlement. Les combats feront près de 150 morts et 900 blessés. L’épreuve de force a bien failli conduire à un déchirement des forces armées, Routskoï et Khasboulatov ayant appelé à leur scission et encouragé la création de groupes paramilitaires.

Les législatives de 1995 ont été une bonne plate-forme d’observation de l’implication des siloviki dans la vie politique russe et au sein des différents courants politiques. Tandis que le ministre de la Défense, S. Gratchev, lance officiellement la campagne dans les casernes en espérant créer un vrai lobby militaire, les autres « poids lourds » militaires, de leur côté, engagent la lutte auprès de leurs partis : le général A. Lebed auprès du Congrès des Communautés russes (droite nationaliste) ; Valentin Varennikov, le PC, où il espère attirer les Afgantsy, les anciens combattants d’Afghanistan ; E. Vorobev, le « Choix de la Russie » d’Egor Gaïdar et A. Tchoubaïs (droite libérale) ; le général Lev Rokhlin, « Notre Maison la Russie », le parti du Premier ministre Viktor Tchernomyrdine ; B. Gromov, « Ma Patrie » d’Ivan Rybkin, l’ancien coprésident du Parti des travailleurs socialistes ; le général du KGB Alexandre Sterligov, l’« Assemblée des officiers russes » (droite nationaliste) ; Nikolaï Ryjkov, le « Pouvoir au peuple » (obédience communiste), tandis que le colonel-général E. Podkolzin, ancien commandant des troupes aéroportées, encouragé par le général Korjakov, le chef des gardes du corps de B. Eltsine, adhère à « Pour la Patrie » où il est rejoint par l’amiral E. Baltin, le commandant de la Flotte de mer Noire [Galeotti, 1995]. En tout, ils sont 123 militaires à la retraite ou en congé sans solde, dont 23 généraux [Galeotti, 1995], à se présenter à ces élections. Apeuré par cette débauche d’épaulettes sur les listes électorales, le président Eltsine réagit en faisant voter deux lois fédérales. La première, le 12 mars 1996, autorise les militaires et les membres des troupes de l’intérieur à se présenter à une élection, quelle qu’elle soit, à condition qu’ils démissionnent ou ait obtenu un congé sans solde. La seconde, 1er juin 1996, interdit aux militaires en activité d’adhérer à un parti ou même de participer à la vie politique.

Ces deux lois ne semblent pas avoir été respectées. Au cours des législatives de 1999, les siloviki sont en effet à nouveau nombreux à se bousculer sur les listes électorales : Sergueï Stepachine le numéro deux du parti libéral Iabloko, Sergueï Shoïgou, le leader de Edintsvo (Unité), sont tous deux officiers généraux, à la retraite il est vrai, dix autres apparaissent sur les listes du Parti socialiste unifié de Russie (Héritage spirituel) et six encore - d’active ou retraités - sur les listes de trois autres partis de gauche, le Mouvement de soutien à l’Armée, le Parti pour la paix et l’unité et le Parti des communistes et des travailleurs de Russie pour l’Union soviétique. Plus grave, les législatives de 1999 ont surtout été marquées par de multiples violations de l’article 18 de la loi de mars 1996 qui interdit aux partis politiques de faire campagne dans les bases militaires et les garnisons. Des tracts sont ainsi distribués dans les garnisons et des officiers membres de partis tiennent des réunions électorales avec, dans de nombreux cas, l’assentiment des chefs de corps. Il est vrai que de son côté le ministre de la Défense de l’époque, le général Sergueev, n’a lui-même pas hésité à autoriser la distribution de tracts appelant à voter pour le parti de V. Poutine, Edinstvo [Komarov, 1999]. L’activisme du futur président dans les casernes n’est bien entendu pas un hasard. Poutine connaît le nombre de voix que peut lui rapporter un électorat qui, au sens large (familles, retraités, personnel civil, ministères et service, etc.), représente probablement à l’époque entre 15 et 18 millions de personnes en plus des 5,5 autres millions du personnel d’active. Sa campagne politique, axée sur l’intransigeance envers les sécessionnistes tchétchènes et la nécessité pour le pays de recouvrer son statut de grande puissance, était d’ailleurs tout particulièrement étudiée pour toucher les siloviki et leurs familles. L’importance de leurs votes n’échappe pas non plus à un porte-parole du ministère de la Défense au début de la campagne [Komarov, 1999], « les personnes liées aux forces armées sont une force motrice dans ces élections [...]. Elles représentent la partie la plus organisée de l’électorat, elles participent activement aux élections. Celui qui saura gagner leur confiance pourrait bien gagner les élections ». L’électorat militaire est d’autant plus facile à toucher qu’il vit regroupé dans des villes de garnison, dans des casernes, des régions géographiques entières, comme la presqu’île de Kola, par exemple, et des bassins industriels bien précis.

D’autres scandales, vite étouffés, ont aussi émaillé les législatives de 2003 comme celui mettant en cause les élèves de l’Institut militaire des Finances de la ville de Iaroslav à qui leur directeur a donné l’ordre de voter pour le gouverneur de l’oblast [19].

La Douma et le Conseil de la Fédération sont d’autres lieux de prédilection des siloviki, même s’ils y sont moins nombreux qu’à l’époque soviétique. En 1991, ils représentaient près d’un cinquième des députés. Avec la disparition de l’URSS, leurs effectifs s’effritent et après les législatives de décembre 1993, ils ne sont plus que 18 sur les 444 députés que compte la Douma et deux sur les 171 sénateurs du Conseil de la fédération. Il est vrai que les siloviki étaient peu nombreux sur les listes : 50 en tout sur un total de 1 517 candidats, qui plus est dispersés sur les listes de 11 partis sur les 13 inscrits. Aux législatives de 1999, 77 militaires et anciens militaires étaient inscrits se présentent au poste de député ; une vingtaine sera élue [Golts, 1999]. Aujourd’hui, après les dernières élections de décembre 2003, les siloviki seraient une quarantaine (9 %) à la Douma, selon les analystes Olga Krychtanovskaïa et Stephen White [Krychtanovskaïa, 2003, pp. 289-306]. Toutefois leurs rangs sont probablement plus étoffés que ne l’avancent ces derniers. L’examen des biographies des membres des deux plus petits partis de la Douma, Rodina (39 députés) et le LDPR (34 députés) (à eux deux 16,23 % des députés), montrent, en effet, qu’ils comptent chacun au moins une dizaine de députés ayant un passé au sein des structures de force. Ils sont en toute logique bien plus nombreux qu’une vingtaine dans les rangs de l’immense Russie unie (306 députés) et du PC (48 députés). Toujours selon O. Krychtanovskaïa et S. White, les siloviki représentent également 15 % (soit 26 sénateurs) de l’actuel Conseil de la Fédération, 10 % de l’élite régionale et 58 % du Conseil de sécurité. Ces chiffres sont cependant trompeurs : on peut en effet avoir effectué sous l’URSS une partie de ses études dans une école de l’armée ou du KGB sans pour autant être devenu, plus tard, officier de l’armée ou membre du KGB. Malgré cette importante présence des structures de forces au sein des élites politiques russes, inimaginable en Europe, il convient de noter que le temps où Gorbatchev réunissait en novembre 1990 un millier de « députés militaires » du Congrès des députés du peuple est bien révolu.

Pour être juste, la présence des siloviki - je ne dis pas leur influence - est aujourd’hui surtout à rechercher dans les différents cercles du pouvoir exécutif.

Les missi dominici de Vladimir Poutine

Avec Poutine, militaires et, surtout, membres des structures des services spéciaux investissent littéralement les rouages de la haute administration. Pour Sergueï Kovalev, l’ancien dissident soviétique, aujourd’hui reconverti dans la défense des droits de l’homme, le pire est arrivé : « Le KGB est [...] au pouvoir en Russie. » D’autres, comme Anatoliy Tchoubaïs, le PDG du Réseau électrique unifié de Russie (SEU) et « père des privatisations » de 1992, dénoncent, après les législatives de 2003 et les attaques contre la compagnie pétrolière Yukos, le « nationalisme outrancier », le « national-socialisme » qui s’abrite derrière une « force soutenue par une partie significative des structures de force ». En d’autres lieux, aux États-Unis, et en d’autres temps, en décembre 1966, le sénateur Joseph Clark dénonçait lui aussi l’influence de la « CIA, du FBI et du complexe militaro-industriel [20] ». À première vue, tout semble indiquer que Poutine, homme politique fabriqué à la hâte en 1999 en vue de succéder à B. Eltsine et de veiller aux intérêts de son clan, et arrivé à la têt de l’État au début de 2000... après une partie de son gouvernement, pallie l’incapacité de son parti Unité, lui aussi monté de toutes pièces, de lui fournir des cadres politiques compétents en piochant parmi ses anciens collègues de travail. 40 % des hauts fonctionnaires, soit 10 sur 24, nommés par Poutine au cours des trois premiers mois de sa présidence, sont ainsi issus des structures de force, principalement du KGB/FSB [21], « partie intégrante des organes démocratiques du pouvoir [22] », pour reprendre une expression utilisée par le président lui-même. Selon des statistiques de l’Institut de sociologie de l’Académie des sciences de Russie, les siloviki représentaient 3,6 % de l’administration Gorbatchev et 7 % à 8 % de l’administration Eltsine. Ils constitueraient aujourd’hui 26 % de l’administration Poutine [cité par Rybkin, 2002]. D’autres analystes [Krychtanovskaïa, 2003, p. 289-306] avancent des chiffres semblables : 4 % en 1988, 11 % en 1993, au début du premier mandat de Eltsine, 17 % en 1999 à la fin de son dernier mandat, 25 % en 2003. On notera que le chiffre de 1999 est probablement dû à l’arrivée en août de V. Poutine au poste de premier ministre. Selon la revue en ligne Russia Reform Monitor les siloviki sont surtout présents dans les ministères à vocation économique et « représentent 50 % du personnel de l’administration présidentielle » et même « 58,3 % au milieu de premier mandat de Poutine [23] ». 35 % des ministres adjoints nommés entre 2001 et 2003 dans les ministères économiques ont travaillé dans les structures de force [24].

Toutefois, si V. Poutine n’a jamais cessé depuis son arrivée au Kremlin de propulser des siloviki dans les différents cercles du pouvoir, il n’a jamais cessé non plus d’en limoger. Très conversatrice, la caste des officiers généraux s’est toujours opposée aux réformes du président, que ces réformes soient de nature politique - certains estiment ainsi que la politique d’ouverture sur l’Occident menée par Poutine depuis le 11 septembre 2001 aurait le soutien de moins d’un tiers des officiers de carrière [25] - ou militaires. Du naufrage du SSGN Koursk (11 amiraux renvoyés !) à la prise d’otages de Beslan, qui a servi de prétexte au renvoi du commandant de l’état-major général, le général A. Kvachnin, le président russe n’a jamais hésité à écarter les officiers qui se mettaient en travers de sa route et à désarticuler les ministères et services quand leurs missions ne cadraient pas avec sa vision du moment. Le ministère de l’Intérieur, de la Défense, le FAPSI [26], le Service fédéral des frontières, la police des impôts, le Service fédéral des troupes de voies ferrées, etc. ont ainsi subi tour à tour les foudres du président. Poutine ne poursuit donc pas une logique de caste ou d’institution, pas plus qu’il ne protège une caste ou une institution - militaire en l’occurrence -, mais une logique personnelle : imposer son pouvoir grâce à des hommes sûrs, issus du même moule que le sien, moderniser coûte que coûte la Russie, et lui redonner sur la scène internationale l’aura qui était avant 1991 celle de l’Union soviétique. Il s’agit aussi, dans la logique du président, de contrer l’affolante corruption, le manque de maturité des organisations politiques et l’inachèvement des liens entre le Centre et les régions de la Fédération. Poutine est ici plus proche, me semble-t-il, de la logique d’un Pierre le Grand que de celle d’un Pinochet : sa politique est toute d’évolution et non de préservation.

KGB contre mairie de Saint-Pétersbourg

Sur les 29 postes clés apparaissant dans le tableau ci-dessous [27] de l’actuel gouvernement Poutine, 13 sont occupés par des siloviki, la plupart d’ailleurs, comme le président lui-même, issus des services spéciaux (KGB/FSB [28]/SVR [29]). Sont dans ce cas, R. Nourgaliev, S. Ivanov (Premier ministre de la Défense « civil »), N. Patrouchev, D. Medvedev, Igor Setchin, Viktor Tcherkessov, S. Chemezov. S. Stepachin vient du ministère de l’Intérieur, mais a dirigé un temps le FSB, B. Gryzlov, a été ingénieur de l’armement, tout comme S. Choïgou ; le général Sinaïskiy vient de l’armée de Terre. On notera cependant que Igor Levitin, un ancien officier des Troupes de chemin de fer et Iou. Zaostrovtsev s’étaient, avant d’occuper leurs postes actuels, lancés depuis longtemps dans les affaires. Il est également courant que les titulaires « civils » de certains postes soient « doublés » par un silovik. Ainsi en est-il, par exemple, de la VnechEkonomBank où Vladimir Dmitriev, le directeur, a pour adjoint le général-colonel du FSB Iouri Zaostrovtsev ; du ministère des Ressources naturelles, où Iou. Troutnev est épaulé par V. Stepankov, ex-vice directeur du Conseil de sécurité et procureur général de Russie de 91 à 93. Ce ne sont là que quelques exemples, mais l’on pourrait en trouver bien d’autres en creusant plus avant dans les structures administratives et politiques de la Fédération. La présence massive de siloviki n’est toutefois pas exclusive des cercles du pouvoir. Le monde économique, Gazprom et Yukos en tête, leur a toujours offert de magnifiques perspectives de carrière.

Les postes clés du gouvernement Poutine en
Premier-ministre (M. Fradkov) ; vice-Premier ministre (Alexandre Joukov) ; ministères de la Défense et du département nucléaire du BITD (S. Ivanov) ; Affaires étrangères (S. Lavrov) ; Intérieur (R. Nourgaliev) ; Transports (I. Levitin) ; sécurité civile (S. Choïgou), Industrie et Energie (V. Khristenko) ; Information et Culture (Alexander Sokolov), Commerce et Économie (G. Gref), Finances (A. Koudrin) ; Ressources naturelles (Iouri Troutnev) ; FSB (N. Patrouchev) ; Présidents de la Douma (B. Gryzlov) et du Conseil de la Fédération (S. Mironov) ; Secrétariat général du Kremlin et contrôle de Gazprom (Dmitri Medvedev) ; Exportations d’armes (RosOboronExport) (Sergueï Chemezov) ; Comité de lutte contre la drogue (Tcherkessov Viktor) ; Conseil de sécurité (Igor Ivanov) ; Commandes militaires du MINDEF (A. Belianinov) ; Producteurs de Gaz (Gazprom) (A. Miller) et d’électricité (RAO-SEU) (Tchoubaïs) ; Transport de pétrole (Transneft, réseau d’oléoducs) (Vainchtok Semion) ; Président de Russie Unie (B. Gryzlov, également président de la Douma) ; Conseil de Défense de la CEI (Sinaïskiy Alexandre), Cour des Comptes (Stepachin Sergueï) ; Procurature générale (V. Oustinov) ; Banque VnechEkonomBank (commerce extérieur) (Vladimir Dmitriev et Iou. Zaostrovtsev) ; Banque centrale (Sergueï Ignatiev).

Dans les fameux districts fédéraux, mis en place en 2000, une certaine « civilisation » des postes semble à l’ordre du jour. Dans le district Nord-Ouest, le général Tcherkessov a ainsi cédé la place en mars 2003 à V. Matvienko (civile), qui l’a laissée elle-même à Ilia Klebanov (civil, ancien ingénieur du BITD). Dans le district Sud, le général V. Kazantsev (armée de Terre) a été remplacé le 9 mars 2004 par V. Iakovlev, l’ancien maire de St-Pétersbourg, lui-même remplacé en septembre 2004 par D. Kozak, l’un des proches de Poutine, après la prise d’otages sanglante de Beslan. Par contre dans le district de Sibérie, le diplomate Leonid Drachevskiy, en poste depuis 2000, a dû s’effacer au profit du général A. Kvachnin, limogé par Poutine en juillet 2004. Trois districts sur sept sont donc aujourd’hui tenus par des civils, deux par des généraux de l’armée de Terre, un par un général de la police des impôts, le dernier par un général du ministère de l’Intérieur. Les « civils » ont donc gagné un poste par rapport à 2000 !

Les missi dominici du président Poutine dans les districts fédéraux

Chef de district fédéral (2004) Adjoints avec un passé dans un ministère de force (2001) Inspecteurs fédéraux principaux [30] avec un passé dans un ministère de force (2001)
Centre : Georgiy Poltavchenko (KGB/police des impôts et des douanes) 3 sur 8 (1 FSB, 1 ministère de la Défense et 1 police des impôts) 10 sur 18 (4 FSB, 2 MVD, 2 ministère de la Défense, 1 police des impôts, 1 troupes des chemins de fer)
Nord-Ouest : Ilya Klebanov (civil) 4 sur 6 (2 FSB, 1 ministère de la Défense, 1 procurature militaire) 7 sur 10 (2 ministère de la Défense, 2 police des impôts, 1 FSB, 1 MVD, 1 procurature militaire)
Volga : Sergueï Kirienko (civil, ancien premier-ministre) 1 sur 6 (procurature militaire) 6 sur 13 (MVD, FSB, ministère de la Défense, ministère des situations d’urgence, police des impôts, garde-frontières)
Sud : Dmitriy Kozak (civil) 2 sur 7 (ministère de la Défense et MVD) 5 sur 9 (3 ministère de la Défense, 2 MVD)
Oural : Piotr Latyshev (MVD) 1 sur 5 (FSB) 3 sur 6 (FSB, MVD, ministère de la Défense)
Sibérie : Anatoliy Kvachnin (Armée de Terre) 2 sur 6 (FSB, police des impôts) 2 sur 11 (MVD, FSB)
Extrême-Orient : Konstantin Pulikovskiy (Armée de Terre) 3 sur 6 (3 ministère de la Défense) 1 sur 8 (garde-frontières)
Total 16 sur 44 (36 %) 34 sur 75 (45 %)

Source : Rambler. ru : Rossiyskaya Vlast’(http://vlast. rambler. ru). Mise à jour : Cyrille Gloaguen.

Si l’on examine à présent les biographies de l’entourage de V. Poutine, il est surprenant de constater combien ces hommes n’ont en fait pas pour dénominateur commun une origine professionnelle, mais bel et bien une origine géographique, St-Pétersbourg et, plus précisément, sa mairie. Celle-ci, on s’en souvient, a été le foyer de l’ascension politique du président russe qui y a débuté sa carrière dans l’équipe de politiciens et d’économistes libéraux de l’ancien maire, A. Sobtchak, aujourd’hui décédé. Sous la férule d’un autre éminent Pétersbourgeois, A. Tchoubaïs, les membres de ce groupe constituent l’ossature économique du gouvernement russe depuis 1993. Cette origine géographique unique de la plupart des principaux collaborateurs de V. Poutine ne peut être une simple coïncidence. Le président est bien le produit d’un clan et d’une vision politique mise en place autour d’A. Sobtchak il y a une décennie et dont il n’a pas pu ou voulu se séparer. Pourquoi St-Pétersbourg ? Probablement parce que Sobtchak, au début des années 1990, a su réunir autour de lui une équipe compétente et soudée qui, plus tard, a su s’imposer sur une scène politique gangrenée par les luttes stériles des clans et des coteries qui gravitaient à Moscou autour de B. Eltsine. G. Gref, D. Medvedev, D. Kozak, A. Tchoubaïs, A. Miller, A. Koudrin ont tous occupé au début des années 1990 des fonctions importantes à la mairie de Saint-Pétersbourg au même moment que Poutine. D’autres, sont des compagnons d’études (S. Ivanov, Nikolaï Bobrovskiy, l’adjoint au directeur du secrétariat du premier ministre) ou de travail (au KGB/FSB) du président, parfois depuis son séjour en RDA dans les années 1980 (V. Ivanov, Tcherkessov Viktor, S. Chemezov, A. Belianinov), d’autres sont nés et ont effectué leurs études civiles ou militaires à Léningrad (Igor Setchin, Alexander Sokolov, B. Gryzlov, S. Mironov, Sergueï Ignatiev, Iouri Zaostrovtsev), d’autres encore y ont été longtemps en poste (S. Stepachin, vice président de l’institut d’histoire politique, N. Patrouchev, ancien du KGB de St-Pétersbourg, etc.).

Anatoliy Sobtchak, le mentor de V. Poutine
Né en août 1937 à Chita, en Sibérie, Anatoliy Sobtchak aura été l’un des hommes politiques russes les plus importants de la décennie 90 grâce au rôle qu’il aura joué dans la réhabilitation du capitalisme et des libertés civiles en Russie. Cette importance Sobtchak la doit aussi à l’équipe de jeunes réformateurs libéraux qu’il aura su réunir autour de lui à St-Pétersbourg, et qui, dans le sillage de son ancien élève à l’université de la ville, V. Poutine, s’est aujourd’hui installée au Kremlin. Paradoxalement, alors qu’il haïssait la sécurité d’État et la violence politique, c’est lui qui sera à l’origine de la carrière politique de l’actuel président russe, ex-lieutenant colonel du KGB ! Diplômé en droit de l’Université d’État de Léningrad (LGOu) en 1959, Anatoliy Sobtchak y est affecté en 1973 comme professeur après plusieurs postes dans divers collèges et universités du pays, avant d’être nommé directeur de la faculté de droit du LGOu au début de la Perestroïka. Il soutient alors activement les réformes de Gorbatchev, mais ce n’est qu’en juin 1988 qu’il obtiendra sa carte de membre du PCUS. C’est le début de sa carrière politique. L’année suivante il est élu au Soviet suprême où il dirigera la commission chargée d’enquêter sur les événements sanglants du printemps 1989 à Tbilissi. Avec l’échec de la Perestroïka, Sobtchak change son fusil d’épaule et se joint aux adversaires de Gorbatchev, c’est-à-dire au « groupe des députés interrégionaux » formé pour soutenir Eltsine et ses réformes libérales. Le 13 juillet 1990, il démissionne du PC, tout comme Gavril Popov, le maire de Moscou. Un an plus tard, en juin 1991, il est élu maire de Léningrad, à laquelle il va redonner son ancien nom de St-Pétersbourg. Il demeurera à ce poste jusqu’en juillet 1996 date à laquelle il devra céder la mairie à Vladimir Iakovlev, celui-là même que Poutine poussera au départ en 2003 (voir tableau ci-après).

Privé de son poste et de ses réseaux, tandis que dans le même temps Eltsine connaît des difficultés politique, l’étoile de Sobtchak commence alors à pâlir. En octobre 1997, il est arrêté par les forces spéciales du ministère de l’Intérieur et forcé de témoigner dans une affaire d’abus de pouvoir alors qu’il dirigeait Saint-Pétersbourg. Pendant l’interrogatoire il subit une première attaque cardiaque. Libéré, il part alors en France pour s’y faire soigner et où il demeurera jusqu’en juillet 1999, donnant de temps à autre des conférences dans les universités. À Moscou, les services du procureur général, Iouri Skouratov, se déchaînent contre l’ancien maire et lancent contre lui des accusations de corruption et d’abus de pouvoir. En février 1999, V. Poutine, l’ancien adjoint de Sobtchak à la mairie de Saint-Péterbourg et directeur du FSB depuis juillet 1998, fera tomber Skouratov après l’avoir fait filmer en pleins ébats dans un sauna avec deux prostituées. Sobtchak peut revenir en Russie. Il n’y jouera cependant plus de rôle politique si ce n’est celui de confident et de conseiller de son ancien élève, V. Poutine, qui va quitter le FSB pour devenir premier ministre. Aigri et déçu par les réformes eltsiniennes, sa pensée se radicalise alors : il écrit un livre sur Joseph Staline et déclare à qui veut l’entendre que la Russie a besoin d’un homme politique ayant la « poigne de fer » du dictateur soviétique afin de faire cesser les prévarications et l’action des oligarques qu’il aura pourtant fortement encouragées à St-Pétersbourg.

Celui qui se qualifiait lui-même de « réaliste radical » et se disait inspiré par les discours de Martin Luther King meurt d’une crise cardiaque le 20 février 2000 à l’âge de soixante-deux ans, alors qu’il menait campagne pour V. Poutine. Celui-ci a toujours prétendu que l’ancien maire de Saint-Pétersbourg avait été assassiné.

Ce ne sont là que quelques exemples pris parmi les principaux collaborateurs de V. Poutine, mais la démonstration reste valable quel que soit le niveau de hiérarchie observé. Il serait cependant très réducteur de ne voir dans l’entourage du président russe que des siloviki originaires de Saint-Pétersbourg ou d’anciens camarades de travail ou d’université. Les parcours professionnels des membres du gouvernement de M. Fradkov montrent aussi combien V. Poutine a aussi placé une partie de sa politique sous l’influence des grands groupes oligarchiques, dont certains, ce n’est pas antinomique, ont d’ailleurs des liens avec les proches de V. Poutine évoqués ci-dessus [Gloaguen, 2004] : holding Alfa, RAO-UES/A. Tchoubaïs, Gazprom, société d’assurances Ingostrakh, RusAl, Sibneft, Severstaltrans, Rosneft, Mejprombank, Interros/Norilsk, etc.).

La méthode Poutine en action à Saint-Pétersbourg
La méthode utilisée par Vladimir Poutine pour chasser de la région de Saint-Pétersbourg son gouverneur, Vladimir Iakovlev, un de ses plus vieux ennemis, est riche d’enseignement pour comprendre enjeux et modes d’exercice du pouvoir dans la Russie contemporaine. Cette affaire illustre, en fait, la façon dont Poutine utilise certaines de ses relations au sein de l’ex-KGB, comme un vivier d’hommes pour s’autonomiser et mener sa stratégie de pouvoir. Celle-ci, après les attaques récentes contre la holding Yukos, semble à présent rôdée et décomplexée. Pour autant, il est patent que certains acteurs, même réputés proches du président, mènent leur propre jeu.

1e acte : Viktor Tcherkessov, un général du KGB/FSB avec qui Poutine a chassé les dissidents à la fin des années 1970 sous les ordres de Iouri Andropov et qu’il a côtoyé à l’université de droit de Léningrad, est nommé en mai 2000 à la tête du district fédéral du Nord-Ouest (qui englobe Saint-Pétersbourg). Sa petite équipe est issue en grande partie du FSB et des structures de forces.

2e acte : Le 5 décembre 2001, Sergueï Mironov, vice-président de l’assemblée législative de Saint-Pétersbourg et proche de Poutine depuis qu’il l’a aidé à faire réélire A. Sobtchak à la mairie de Saint-Pétersbourg en mars 1996 en manipulant les règles électorales, est propulsé à la tête du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement) avec pour mission de faire obstacle à la politique locale de Iakovlev. Une campagne de presse calomnieuse faisant de Saint-Pétersbourg la « capitale du crime » est lancée, tandis que les pressions sur Iakovlev pour qu’il ne sollicite pas un 3e mandat se font de plus en plus insistantes.

3e acte :De février à mars 2003, la presse laisse régulièrement entendre que Iakovlev pourrait jeter l’éponge. L’essentiel du travail étant fait, le général Tcherkessov n’a plus de raison de rester à son poste. Il est nommé en mars 2003 directeur du Comité pour la lutte contre la drogue et les psychotropes, tout juste créé, et est remplacé par Mme Matvienko, 54 ans, ancien premier vice-premier ministre en charge des Affaires sociales. Celle-ci arrive avec dans ses bagages Andreï Tchernenko, colonel-général du ministère de l’Intérieur et proche de Sergueï Stepachin, un ami de Poutine, président de la Cour des comptes et, accessoirement, ancien directeur du FSK, le service prédécesseur du FSB. Cette nomination, bien entendu, ne doit rien au hasard : Mme Matvienko s’était déjà présentée sans succès en 2000 contre M. Iakovlev. Enfin, le 9 juin, le dispositif est complété par la nomination d’un autre proche de Poutine, le général Sergueï Smirnov, au poste de premier adjoint du département du FSB de St-Pétersbourg. En avril, une inspection de la Cour des comptes révèle la disparition d’un milliard de roubles des fonds alloués à Saint-Pétersbourg dans le cadre des festivités du 300e anniversaire de la ville. Le budget fédéral, comme l’y autorise la loi, décide alors de retirer cet argent des futures allocations versées à la ville. Parallèlement, 31 enquêtes sont lancées contre des proches de V. Iakovlev.

4e acte : Iakovlev démissionne le 16 juin 2003 et est nommé le jour même vice-premier ministre en charge de la réforme du logement, un poste qui n’existait pas 24 heures auparavant ! De nouvelles élections sont programmées. Mme Matvienko se porte candidate.

5e acte : Alexandre Beglov, l’ancien vice gouverneur de Saint-Pétersbourg et chef de la section locale de Russie unie, le parti pro-Kremlin, est nommé gouverneur par intérim. Face aux pressions, la directrice de la chaîne de télévision de Saint-Pétersbourg, Mme Irina Terkina, dont la ligne éditoriale est jugée trop favorable à Iakovlev, est à son tour poussée à la démission. Elle est, le lendemain, remplacée par Igor Ignatiev, un cadre de la compagnie d’État de radio-télévision (VGTRK), dont le vice-directeur est Alexandre Jdanovitch, encore un général du FSB.

6e acte : le 3 septembre, la vice gouverneur de Saint-Pétersbourg en exercice, Anna Markova, ancien colonel de police, qui se présente contre Mme Matvienko, demande l’invalidation de la candidature de cette dernière après qu’elle eut été reçue au Kremlin par V. Poutine devant les caméras de télévision, entretien que la vice gouverneur associe à un parrainage officiel. Mme Matvienko échappe à la polémique en se défaussant sur la 1re chaîne de télévision et la chaîne Rossiya, rendues coupables d’avoir diffusé le reportage. Le 18 septembre, deux inconnus armés pénètrent dans la permanence de Mme Markova et y volent un ordinateur après avoir molesté le garde de service. Mise en garde ou un vol banal ?

7e acte : Le 5 octobre 2003, Valentina Matvienko est élue gouverneur au 2e tour avec 63,12 % des votes (1er tour 48,61 %), contre 17,8 % à son adversaire. Le résultat de cette dernière est toutefois une surprise : les sondages ne lui accordaient pas plus de 7 %. Seuls 28,24 % des électeurs se sont toutefois déplacés pour voter. Le 20 octobre, sur demande du nouveau gouverneur, S. Stepachin accepte de mettre fin à l’enquête sur la disparition du milliard de roubles. Enfin la boucle est bouclée avec la nomination à la tête du district fédéral du Nord-Ouest de Ilia Klebanov, l’ancien ministre de l’industrie, de la science et de la technologie, vieux pétersbourgeois et membre historique de l’équipe Poutine.

L’ensemble des observateurs politiques a noté que la campagne de Mme Matvienko, même si elle disposait des « ressources administratives » du pouvoir central, d’un certain contrôle des médias locaux et du soutien direct d’A. Volochine, le secrétaire général du Kremlin, a été bien plus énergique et plus intelligemment menée que celle de Mme Markova, qui, par exemple, n’a pas réussi à se faire parrainer par un grand parti. D’autres observateurs ont avancé l’idée que Mme Markova travaillait de concert avec sa rivale. Il est vrai que V. Iakovlev lui-même a pendant la campagne au moins deux fois déclaré soutenir Mme Matvienko. Mais l’homme était peut-être déjà sous pression. En fait, les coulisses de ces élections demeurent dans l’ombre.

On sait ainsi que le puissant lobby qualifié par la presse de « Membres des services de sécurité de Saint-Pétersbourg » s’est beaucoup agité pendant ces élections. Constitué par d’anciens officiers du KGB, dont Igor Setchin et Viktor Ivanov, adjoints du secrétaire général du Kremlin, Vladimir Oustinov, le procureur général et Nikolaï Patrouchev, le directeur du FSB, il aurait joué ses propres intérêts contre ceux du parti présidentiel Russie unie. Selon certains observateurs, il aurait initialement soutenu Konstantin Soukhenko, le leader de Russie unie au conseil municipal de Saint-Pétersbourg, mais celui-ci se serait rapidement aliéné le soutien de ses supporters moscovites par impatience et par esprit d’indépendance. Le 30 juillet, en tous cas, 7 jours après s’être déclaré candidat, il est renvoyé du parti. Russie unie se serait alors tourné vers Mme Matvienko, et Setchin et Ivanov vers Sergueï Beliaev, l’ancien président de la Commission pour la propriété d’État et leader de Notre Maison la Russie, le parti de l’ancien Premier ministre, Viktor Tchernomyrdine, à la Douma de 1995 à 1999. Fin août, le directeur de campagne de Mme Markova et celui des campagnes de V. Iakovlev en 1996 et en 2000, Vladimir Bolchakov, quitte cette dernière pour rejoindre Beliaev. Les supporters de Mme Matvienko vont alors propager des rumeurs de corruption sur Beliaev et perturber ses réunions électorales au point qu’il se verra obligé de les tenir sur des bateaux-mouches sur la Neva ! Il n’obtiendra que 8,18 % des votes. Dans cette histoire il semble donc que deux groupes d’intérêts se soient opposés : d’un côté celui de Poutine et de Volochine, de l’autre le bloc Setchin-V. Ivanov. Ces deux groupes étant tous deux largement issus de l’ex-KGB, il est donc erroné de faire de celui-ci ou ses successeurs directs, FSB et SVR, une machine institutionnelle obéissant mécaniquement aux ordres du président russe. Bien au contraire, et on pourrait citer de nombreux exemples, les services spéciaux, tout comme les forces armées et les administrations centrale et régionale, semblent aujourd’hui travaillés par des conflits d’intérêts, des courants que l’on pourrait qualifier de « politico-économiques » pour ne pas dire « d’intérêts privés ».

Pour se rassurer on remarquera toutefois que l’éviction de M. Iakovlev de son poste de maire de Saint-Pétersbourg s’est déroulée sans violence apparente. Tel ne fut pas le cas, au printemps 2002, de celle d’Alexandre Prokhorov, le gouverneur de la région de Smolensk, remplacé sur ordre de V. Poutine par le général Viktor Maslov, ancien directeur du FSB de cette même région et proche du communiste G. Selezniev, le président de la Douma, qui a, elle, débouché sur l’assassinat en moins de six mois de huit personnalités régionales, dont celle de l’adjoint de M. Prokhorov, le vice gouverneur A. Makarenko ! Ces différents exemples relativisent donc le pouvoir du président Poutine et celui, presque occulte, des services spéciaux. Laissons au député Iouli Ribalov le soin de conclure : « Il y a des groupes au sein des services spéciaux qui ont de plus en plus d’influence et d’argent. [...] Ce sont des forces qui ne veulent pas de l’idéologie libérale dans la politique russe » [Subtil, 2003].

Les cercles du pouvoir russe ne sont donc pas dominés, comme on ne cesse de l’entendre, par un groupe organisé, fait de militaires et de membres des structures de force, et défendant des idées que l’on qualifierait volontiers en Europe de nationalistes, voire de militaristes. S’il existe des lobbies militaires, ce sont des lobbies « capitalisant », si j’ose dire, dans les grands états-majors de forces et d’armées sur l’héritage soviétique, c’est-à-dire refusant toute réforme portant atteinte aux structures des forces armées et à la base industrielle et technologique de défense (BITD). Ce sont avant tout des lobbies conservateurs qui refusent toute restructuration qui pourrait mettre en péril leur situation personnelle. L’exemple classique de ces lobbies est celui de l’état-major général (EMG) du général Kvachnin dont les hommes occupaient les principaux postes à la tête des différents armées et s’opposaient aux réformes voulues par leur ministre, S. Ivanov, pourtant lui aussi issu des structures de force. Preuve de sa puissance - ou au contraire de la faiblesse de V. Poutine - quatre ans auront été nécessaires au président pour se débarrasser de l’encombrant général. On a vu ci-dessus que le chef de l’État utilisait surtout les siloviki comme des outils au service de sa politique, n’hésitant pas à les renvoyer quand il les jugeait devenus inutiles ou lorsqu’ils avaient montré leur incompétence. En règle générale, la même logique est suivie par tous les partis qui comptent dans leurs rangs des siloviki. Quand l’un d’entre eux perd un poste électoral, il n’est pas forcément remplacé par un autre silovik. Le cas du général G. Chpak, par exemple, l’ancien commandant des troupes aéroportées et membre du parti ultra-nationaliste Rodina, est particulièrement illustratif de cette règle. Quand il quitte son poste de député après avoir été élu en mars 2004 à la tête de l’oblast de Riazan, c’est le viceprésidentdel’Union des industries charbonnières, Rouben Badalov, qui le remplace et non un autre général. Enfin, une fois installédans son nouveau poste, c’est encore un civil que Chpak désigne pour être son représentant au Conseil de la Fédération en la personne d’Andreï Ichtchouk, directeur de l’entreprise VolgaburMach et qui a probablement financé sa campagne électorale. On notera, nouvelle preuve que les siloviki ne se sont nullement donné le mot pour s’emparer du pouvoir à leur profit, que le principal concurrent de Chpak pour le poste de gouverneur n’était autre qu’un autre officier, du SVR celui-là, le colonel Igor Morozov.

Imaginer que les siloviki se sont emparés du pouvoir en Russie pour leur profit personnel ou pour des raisons idéologiques, relève de la chimère. Pourtant, diront certains, les budgets militaires ne cessent de croître en chiffres bruts. C’est vrai, mais ils ne font en cela que coller à la courbe ascendante du PIB tout en demeurant strictement dans une enveloppe représentant, depuis des années, 2,5 à 3 % de ce même PIB. Les structures de force sont également trop nombreuses et trop concurrentes, trop éclatées aussi entre différents ministères et services, pour s’accorder sur un destin commun pour elles et pour le pays.

Annexe : Les forces armées russes et les ministères de force en 2001

Appellation Effectifs Rôle Remarques
Ministère des situations d’urgence et de la sécurité civile (MtCH) Ministerstvo Rossiyskoy Federatsii po delam grazhdanskoy oborony, tcherzvytchaynym situatsiam i likvidatsii posledstviy tikhiynykh bedstviy 370 000, plus 70 000 experts et professeurs [31] Missions de défense civile. Dans le domaine de la Défense assure en conformité avec le politique nationale de Défense nationale la coordination de l’activité des unités militaires pour effectuer les missions de défense du pays et de sécurité de l’État dans le domaine de la défense civile, de la prévention et du traitement des catastrophes. Participe aux travaux de l’état-major général (EMG) d’élaboration du plan d’emploi et de mobilisation des forces armées et du programme d’État de défense territoriale. Organise en liaison avec l’EMG et après avoir reçu son autorisation la planification des missions et l’emploi des unités de défense civile dans le cadre de la Défense, prépare les forces armées à leurs missions de défense civile. Dispose d’environ 2 000 hommes des forces spéciales « de protection des infrastructures d’aviation et des aéroports » et une force spéciale de 250 hommes environ du 271e bataillon des opérations spéciales de la défense civile. On a ainsi vu une centaine de ses hommes débarquer à Kaboul après la chute des Talibans pour y construire un hôpital de campagne, tandis que d’autres déminaient « 234 000 mètres2 au Kosovo  [32] »). Ils combattent également en Tchétchénie. Missions fixées par décret présidentiel n° 953 du 2 août 1999
Détachements spéciaux de protection de la police des impôts et des Douanes (FSNP) (Federal’naya Sluzhba nalogovoy politsii Rossiyskoy Federatsii) 10 000 Le FSNP a été supprimé à compter du 1er juillet 2003, personnel versé au ministère de l’Intérieur et au Comité de lutte contre la drogue (GKN)
Comité d’État pour la lutte contre le trafic de drogue et de substances psychotropes (GKN) (Gosudarstvenniy komitet po borbe s nezakonnomym oborotom narkotikov i psikhotropicheskikh veshchest)  ? Créé en mars 2003. Dirigé par un ancien général du KGB (V. Tcherkessov)
Service fédéral des frontières (FPS) (Federal’naya Pogranitchnaya Sluzhba) 140 000 gardes-frontières (168 000 autorisés) et 14 500 civils en 2001 Anciennement « troupes de frontières du KGB ». Plus de 400 navires, 200 hélicoptères, chars, blindés, artillerie, avions de transport. Directement rattaché au Président de la Fédération. Il dispose de son propre service de renseignement. En cas de conflit, missions de défense de l’intégrité du territoire sous les ordres de l’EMG. En temps de paix, missions également de recueil de renseignement et de contre-espionnage. Forme et gère le personnel de sécurité des ambassades russes. Missions définies par la loi du 1er avril 1993. Rattaché en mars 2003 au FSB.
Troupes du ministère de l’Intérieur (Vnutrenniye Voyska) 193 000 (dont 40 000 troupes mécanisées, comme la division Dzerzhinskiy, et 1 100 commandos) Commandos Rus’Skif, Bars, Polyarnyy Medved’, Vityaz. Disposent de blindés, d’aviation. En octobre 2002, le ministre de l’Intérieur annonçait la création de 6 nouvelles unités anti-terroristes qui devraient comprendre au total 3 700 hommes. Dispose de chars lourds, de blindés, d’artillerie et d’hélicoptères. Missions fixées par décret présidentiel n° 1039 du 18 juillet 1996, modifié le 6 septembre 1997, le 24 avril, 27 mai et 20 octobre 1998, le 1er décembre 1999 et le 13 janvier 2001.
Commandos et groupes spéciaux du ministère de l’Intérieur 1 700 Rattaché aux Troupes de l’intérieur : OMON, SOBR, commandos Fakel, Vega (tous utilisés dans les opérations de Tchétchénie) Directeur : E. A. Murov 
Direction principale du renseignement militaire (GRU) 12 000 Rattaché à l’état-major général. Rôle : renseignement opérationnel sur les armées étrangères. Equivalent, plus ou moins, de la DRM et du COS français.  Directeur : E. A. Murov
Service fédéral de protection (FSO) (Federal’naya Sluzhba Okhrany) 23 000 (dont 200 troupes d’élite) Directement rattaché au Président de la Fédération. Créé en juin 1996 par fusion avec le SBP, le Service de sécurité de la présidence dirigé par le fameux général Korjakov. Il a pour fonction d’identifier et de prévenir toute atteinte aux bâtiments (dont le Kremlin) abritant le gouvernement et à leurs annexes ainsi que de combattre le terrorisme, de protéger les autorités politiques, dont le président. Il pourrait aussi coordonner l’action des autres services de sécurité. Dispose de blindés et d’artillerie et d’un régiment parachutiste. Directeur : E. A. Murov
Agence fédérale de transmission gouvernementale (FAPSI) (Federal’noye Agentsvo Pravitel’stvennykh Svyazey I Informatsii) 54 000 Equivalent russe de la NSA américaine. Transmission pour le gouvernement (COMINT, ELINT, cryptographie...). Mais aussi pour le ministère de la Défense entre autres les forces stratégiques nucléaires [Bennett, 2000]. Entretient également l’ensemble des réseaux bancaires du pays. Directement rattaché au Président de la Fédération. Supprimé en mars 2003. Ses missions et son personnel ont été repris par le ministère de la Défense et le FSB.
Service extérieur de renseignement (SVR) (Sluzhba vnezhney razvedki) 12 000 environ Directement rattaché au Président de la Fédération. Commandos spéciaux « Zaslon » et « Kaskad » (300 à 500 hommes chacun). Ancienne 1re direction générale du renseignement extérieur du KGB
Service fédéral de sécurité (FSB) (Federal’naya Sluzhba Bezopasnosti) 76 000 environ Plus ou moins équivalent au FBI américain. Missions de contre-espionnage. Directement rattaché au Président de la Fédération. Commandos spéciaux Alfa [33] (700 hommes, anti-terroriste), Beta, Zenit et Vympel’(protection des infrastructures stratégiques). A repris en mars 2003 une partie des missions du FAPSI. Les gardes-frontières (FPS) lui sont rattachés depuis mars 2003. Directeur : N. P. Patrushev
Ministère de la Défense (Ministersvo Oborony) 960 000 environ Dont peut-être 300 000 civils en 1999 Missions fixées par décret présidentiel n° 1357 du 11 novembre 1998, modifié le 25 mars et le 1er décembre 2000.
Service fédéral des troupes de voies ferrées (FSZhV) (Federal’naya sluzhba zheleznodorozhnykh voysk Rossiyskoy Federatsii) 50 000 Entretien des voies de chemin de fer dans le cadre d’une mobilisation de masse et des missions de Défense nationale Service supprimé début 2004. Ses unités ont été probablement rattachées au MINDEF.
Troupes de protection chimique 10 000 4 brigades NBC mobiles destinées à lutter contre tout cataclysme industriel (Tchernobyl par exemple).  
Direction principale des prisons du ministère de la Justice  ? Commandos spéciaux (GUIN) chargés de mater les rébellions dans les prisons, mais on retrouve également ses hommes en Tchétchénie.
Service fédéral de constructions spéciales (Federal’naya sluzhba spetsial’nogo stroitel’stva rossiyskoy federatsii) 14 000 (dont 5 800 civils) Créé en 1997 il comprend : une direction militaire principale d’exploitation et d’entretien du ministère des Télécommunications ; une direction centrale des unités militaires de construction du ministère de l’Energie nucléaire ; un service fédéral de construction de routes. Son rôle est de construire des bunkers et des installations nucléaires, des infrastructures sensibles (postes de commandement, silos de missiles, centres spatiaux, etc.). commandant : général-colonel Abros’kin Nikolay Pavlovitch. Service rattaché au MINDEF début 2004.
Direction principale des programmes spéciaux de la présidence 20 000
Ministère de l’Energie atomique (Minatom)  ? Mène, en liaison avec le Conseil de sécurité, la politique nationale d’études, de production et de démantèlement des armes nucléaires et de coopération nucléaire avec l’étranger. En liaison avec le ministère des Affaires étrangères, il est responsable de l’exécution du Traité de non prolifération nucléaire et des accords russes dans le domaine nucléaire. Également responsable dans le domaine militaire de l’approvisionnement et du remplacement du combustible nucléaire des sous-marins (le ministère des transports étant responsable de son transport), de la surveillance des sites nucléaires (via le GosAtomNadzor ou comité pour la surveillance nucléaire) et, depuis un décret de mai 1998, du contrôle du démantèlement des sous-marins nucléaires. Il possède également un « Département de conception et d’expérimentation des armes nucléaires », auquel sont rattachés des centres nucléaires fédéraux (Arzamas-16, Tchéliabinsk-70, etc.). Aujourd’hui le programme nucléaire du Minatom ne représenterait plus que 10 % du volume général de ses activités. Missions fixées par décret n° 392 du 5 avril 1997, modifié le 5 mars 1998 et le 22 octobre 1999.
Rosto [34] (organisation technique et sportive de la Défense) (Rossiyskaya oboronnaya sportivno-tekhnitcheskaya organizatsiya) Nombre de cadres inconnus. Egalement encadrement par réservistes Organisation d’entraînement des jeunes collégiens du secondaire, des jeunes élèves officiers de 1re et 2e années des écoles de pilotage et des réservistes pilotes (entraînement au vol), entraînement des réservistes parachutistes (sauts). Le matériel de transmission et de contrôle aérien est fourni par le ministère de la Défense. Le Rosto participerait également à la surveillance des frontières. Dirigé par un général-major. Financée par le budget de la Défense
Organismes paramilitaires divers (Kaskad, cosaques...) Plusieurs milliers d’hommes Des rumeurs venant du département des affaires cosaques de l’administration présidentielle laissent entrevoir que des unités cosaques pourraient être intégrées dans le FPS. Certaines, comme Kaskad par exemple, forment les enfants à partie de l’âge de 12 ans.

Source : compilation par l’auteur de la presse nationale et internationale. Dr Mark Galeotti, Jane’s Intelligence Review, mai 1992, p. 48.

Références bibliographiques

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 Dick C.J., Military reform and the Russian air force, Conflict Studies Research Centre, 1998.

 FelgenhauerP., « Leaking, Lobbying, Lootin », Moscow Times, 18 juillet 2002.

 Galeotti M.,« When the Generals Become Politicians », Jane’s Intelligence Review, décembre 1995.

 Gloaguen C., « Le nouveau gouvernement Poutine est-il vraiment indépendant des oligarques ? », http://www.regard-est.com/Revue/Numero36/Poutine.htm, avril-juin 2004.

 Golts A., « Army Poised to Strike in Russia’s Elections », The Russia Journal, 15 novembre 1999.

 Jego M., « Quinze mille personnes ont commémoré les événements sanglants d’octobre 1993 », Le Monde, 4 octobre 1994.

 Komarov V.,« Playing for the Military’s Vote a Dangerous Game », The Russian Journal, n° 40, 29 novembre 1999.

 Kovalev V.N., Socialistitcheskii voinskii kollektiv : sociologitcheskii otcherk, Voenizdat’, Moscou, 1980.

 Krychtanovskaïa O., White S, « Putin’s Militocracy », Post-Soviet Affairs, vol. 19, n° 4, octobre-décembre 2003, p. 289-306.

 Rybkin I., « Towards peace in Chechnya », Carnegie Endowment, 23 octobre 2002.

 Sapir J.,Le Système militaire soviétique, La Découverte, Paris, 1988.

 SubtilM.-P., « Russie : l’ère du crime n’est pas finie », Le Monde, 25 avril 2003.

 Taylor, Brian D.« Russian Civil-Military Relations after the October Uprising », Survival, printemps 1994.


[1Structures de force (siloviye struktury) : traditionnellement ensemble des services, agences et ministères comprenant des forces armées (ministères de la Défense, de l’intérieur, des situations d’urgence, Troupes du ministère de l’intérieur, FSB, SVR, etc.) auquel on peut ajouter les organisations paramilitaires (voyenizirovanniye struktury).

[2Les statistiques avancées en 1999 par le procureur général militaire font état de « 700 à 1 000 morts par an » dans des situations de non-combat. Pour 2002, d’autres chiffres tout aussi officiels, font état de plus de 2000 morts et de 20 000 blessés en situation de non-combat (hors Tchétchénie) (The Associated Press, 26 novembre 2002, « Putin tells military to step in line », citant une source Interfax-AVN).

[3Vestnik Voyennoy Informatsii, n° 12 (132), décembre 2002, p. 11.

[4Gazeta.ru, 19 novembre 2003.

[5MosNews, 27 avril 2004.

[6Interfax, 27 février 2004.

[7Novaya Izvestiya, 18 août 2001.

[8Military News Agency (AVN), 5 décembre 2000.

[9Nikolaï Kochman, président du Gosstroï, dont les fonctions recoupent plus ou moins celles de notre ministère du logement (The Russia Journal du 25 novembre 2003).

[10Rapport du Comité pour les statistiques d’État publié mi-septembre 2001 à Moscou.

[11Selon V. N. Kovalev, Socialistitcheskii voinskii kollektiv : sociologitcheskii otcherk, Voenizdat’, Moscou, 1980, cité par [Sapir, 1988], à la fin des années 1980, une jeune recrue subissait environ une heure et demie de formation politique par jour normal, et de deux à quatre heures par jour de repos.

[12Rossiyskaya oboronnaya sportivno-tekhnitcheskaya organizatsiya.

[13Présidée par l’amiral Tchernavin, l’ancien chef d’état-major de la Marine, l’association, qui a pour but de développer un esprit patriotique parmi les jeunes gens, comptait plus de 9 000 membres en 1998.

[14De « sila », la force en russe.

[15Collège des membres de plein droit et collège des candidats-membres.

[16Sous l’URSS, les Troupes de l’intérieur étaient en charge du maintien de l’ordre et de la sûreté des arrières du corps de bataille en cas de conflit (rôle de l’OSNAZ, commandement des troupes spéciales), de la garde de certains points sensibles (ponts, entreprises importantes, etc.), des troupes d’escorte (condamnés, convois, etc.).

[17Le KGB (Komitet po gosudarstvennoy bezopasnosti, Comité pour la sécurité d’État) constituait un Comité d’État près le Conseil des ministres de l’URSS. Ses principales missions étaient : le recueil et l’exploitation des renseignements politiques, économiques, scientifiques, techniques, stratégiques, voire militaires, le contre-espionnage, la police politique et criminelle, la protection des personnalités du régime, la sécurité de certaines installations (ex. le Kremlin), la surveillance des étrangers et le contrôle des frontières.

[18Aux élections législatives (Douma) de 1999 le parti de Jirinovskiy a obtenu 5,9 8% des sièges.

[19Cité par TTU Europe, n° 478, 8 janvier 2004.

[20Le Monde du 20 décembre 1966.

[21Russia Reform Monitor du 7 février 2000, citant une source de Komsomolskaya pravda.

[22Cité dans « Les “siloviki” quadrillent les allées du pouvoir », Le Figaro, 31 octobre 2003.

[23Cité par Russia Reform Monitor, n° 1091, 4 novembre 2003.

[24« Les “siloviki” quadrillent les allées du pouvoir », op. Cit.

[25Igor Korotchenko, Nezavisimaya Gazeta, 6 mars 2002.

[26Agence fédérale de transmission gouvernementale.

[2729 postes. Choix personnel de l’auteur.

[28FSB : service de renseignement intérieur/contre espionnage. Plus ou moins l’équivalent de notre DST.

[29SVR : service de renseignement extérieur. Plus ou moins l’équivalent de notre DGSE.

[30Les inspecteurs fédéraux principaux ont été créés pour superviser les relations entre Mosscou et les régions.

[31Pravda.ru du 15 octobre 2003.

[32Interfax, 8 janvier 2002.

[33Créé en juillet 1974 sur ordre de Iou. Andropov, le commando d’élite du KGB Alfa est célèbre pour l’assaut donné contre la résidence du président afghan Hafizulla Amin le 27 décembre 1979. Depuis lors, il est de tous les coups durs : en janvier 1991, il s’empare du bâtiment de la télévision à Vilnius, mais lors du putsch de 1991, refuse le 19 août d’obéir aux ordres de prendre d’assaut le Parlement. Par contre, le 4 octobre 1993, il n’hésitera pas à participer à l’attaque contre la Maison-Blanche » pour en déloger les parlementaires opposants à Eltsine. En juin 1995, il échoue lamentablement à libérer les personnes prises en otages dans un hôpital de Boudionnovsk par les terroristes tchétchènes de Chamil Basayev. C’est également le groupe Alfa qui a réglé la prise d’otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou les 23 et 24 octobre 2002. Il a aussi participé aux opérations en Tchétchénie.

[34Ce type d’organisation de jeunesse n’est pas spécifique à la Russie. En Grande-Bretagne, le corps des Cadets, par exemple, qui accueille les jeunes de 11 à 18 ans, représente une « force » de 130 000 adolescents, dont 14 000 dans les « Sea Cadets » (Armée d’aujourd’hui, n° 288, mars 2004, p. 8)


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